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Les Conservateurs ont ramené le dossier des travailleurs temporaires étrangers au cœur de l’actualité. A nouveau pour les mauvaises raisons.

Les Conservateurs ont ramené le dossier des travailleurs temporaires étrangers au cœur de l’actualité. A nouveau pour les mauvaises raisons.

Les Conservateurs ont ramené le dossier des travailleurs temporaires étrangers au cœur de l’actualité. A nouveau pour les mauvaises raisons.


Publié le 25 mars 2015
Publication par l’hon. Jane Cordy

Le printemps est à notre porte, et avec lui le retour du beau temps et des bourgeons. C’est aussi une période de l’année où de bien des entreprises, dans le domaine de l’agriculture, par exemple, font venir de l’étranger de nombreux travailleurs temporaires pour soutenir leurs opérations.

Quoique la contribution économique de ces travailleurs, qui représentent un peu moins de 2% de la main d’œuvre au Canada, soit soulignée par la plupart des experts - comme, tout récemment, le Directeur parlementaire du budget - leur présence au Canada continue à enflammer les passions.

Bien sûr, tout le monde a en tête ces entreprises qui, de manière cynique, exploitent ce filon pour mettre à pied une main d’œuvre canadienne pourtant disponible et qualifiée. Mais aux delà de ces exemples scandaleux, il y a aussi toutes ces entreprises qui ont véritablement besoin de travailleurs étrangers pour vivre, que ce soit, par exemple, dans le domaine de la transformation des aliments ou de la restauration. Il y a aussi le cas du secteur agricole qui doit faire face au défi quasi impossible de recruter des employés pour des postes dont les travailleurs canadiens ne veulent tout simplement pas entendre parler. Et puis, il ne faut pas non plus oublier les services rendus par nombre d’aidants familiaux à des milliers de Canadiens en proie parfois à une grande détresse physique ou psychologique.

A force de multiplier les accommodements, le gouvernement fédéral a dénaturé le programme de recours aux travailleurs étrangers temporaires. Le nombre de ces travailleurs a tout simplement explosé, créant dans certains marchés une augmentation du chômage - ce qui est assez aberrant puisque la raison-même du programme est de palier à une pénurie de main d’œuvre canadienne dans des régions ou secteurs donnés et certainement pas de faire perdre leur emplois à des citoyens canadiens.

L’an dernier, face au gâchis qu’il avait lui-même créé, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de procéder à certaines révisions du système. Malheureusement, il est évident que les changements mis sur la table ont été davantage dictés par le souhait d’éteindre en toute hâte une crise politique que par la volonté de procéder à des réformes efficaces et durables.

Il n’y a aucune vision d’ensemble. Prenons le simple cas de l’augmentation - de 275$ à 1000$ - des frais exigés d’un employeur pour l’octroi d’un permis de travail temporaire. Une telle somme n’est sans doute pas une contrainte majeure pour une grande entreprise. Par contre, pour un petit exploitant agricole ou, plus encore, pour un particulier aux revenus limités mais devant faire face à des frais de santé substantiels, cela peut représenter un problème quasi-insurmontable.

La direction prise par le gouvernement laisse en suspens de nombreux points fondamentaux. Il ne propose pas vraiment d’incitatifs qui permettraient d’attirer plus de travailleurs canadiens dans certains emplois et ne fait rien pour réduire la vulnérabilité dans laquelle se trouvent bon nombre de travailleurs migrants. On perpétue ainsi une asymétrie entre travailleurs étrangers et canadiens qui ne seront jamais aussi attractifs, aux yeux de certains employeurs peu scrupuleux, qu’une main d’œuvre peu onéreuse, corvéable et silencieuse puisque maintenue dans un état de dépendance profond.

Il n’y a qu’à voir l’ampleur des réactions pour se convaincre que le gouvernement fait fausse route. Ce n’est pas souvent que les représentants d’intérêts aussi divers que ceux de l’entreprise indépendante, du commerce de détail, des aides familiales, des universités et collèges, des syndicats et des droits de la personne ont en commun une même cible.

En tant que représentante de la Nouvelle Ecosse, où l’impact des travailleurs étrangers temporaires est significatif, je suis convaincue de la nécessité d’entreprendre un débat de fond sur ce dossier. Un tel débat doit impérativement couvrir trois dimensions :

  • Comment s’assurer que les employeurs puissent recourir à l’assistance de travailleurs étrangers sans pour autant créer de distorsions durables dans le marché du travail?
  • Comment faire en sorte que les mesures avancées soient viables pour les employeurs qui ont vraiment besoin de ces travailleurs?
  • Comment offrir une protection adéquate aux travailleurs étrangers temporaires, vu leur haut niveau de vulnérabilité et de dépendance?

Il est plus que temps que le gouvernement fasse preuve de leadership et de bon sens dans ce dossier critique.

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