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L’inaction des conservateurs dans le dossier des femmes autochtones disparues ou assassinées est franchement troublante

L’inaction des conservateurs dans le dossier des femmes autochtones disparues ou assassinées est franchement troublante
Missing and Murdered Aboriginal Women

L’inaction des conservateurs dans le dossier des femmes autochtones disparues ou assassinées est franchement troublante


Publié le 16 mars 2015
Publication par l’hon. Sandra Lovelace Nicholas

Selon la sénatrice libérale Sandra Lovelace Nicholas, le gouvernement fédéral parle de mesures, mais son soi‑disant plan d’action se résume à une série d’initiatives décousues qui, pour la plupart, viennent s’ajouter à des efforts inefficaces ne visant pas expressément les femmes autochtones.

À l’issue de la toute première table ronde nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées, c’est avec le coeur lourd que je vous écris au sujet de cette tragédie qui perdure – cette épidémie nationale de violence qui continue de détruire toujours plus de familles chaque année et qui amène de plus en plus de femmes autochtones à se poser la question : « Suis-je la prochaine? »

Les statistiques de la GRC font état de près de 1 200 victimes, dans les réserves et à l’extérieur, entre 1980 et 2012. Un triste constat ressort de la dure réalité de la pauvreté, du chômage et de la violence : les femmes autochtones courent cinq fois plus de risques de se faire tuer que les autres femmes!

Des mesures s’imposent sur plusieurs fronts : justice, aide, protection et prévention. Il faut défendre la cause aux niveaux communautaire, municipal, provincial et fédéral.

Même si les demandes répétées d’une enquête publique montrent bien l’engagement des premiers ministres provinciaux à l’égard de cette cause, le gouvernement fédéral, pour sa part, envoie des signaux mitigés. Il parle de mesures, mais son soi‑disant plan d’action se résume à une série d’initiatives décousues qui, pour la plupart, viennent s’ajouter à des efforts inefficaces ne visant pas expressément les femmes autochtones.

Ce qui est plus dérangeant encore, c’est la façon dont cette tragédie est perçue par le premier ministre et les membres de son cabinet. Non seulement ils rejettent les demandes d’une enquête publique, mais aussi ils refusent de reconnaître qu’il s’agit là d’un phénomène social. Pour eux, il s’agit plutôt d’une suite de crimes isolés, d’origine familiale, qui relèvent davantage de la compétence des policiers.

Il y a de quoi s’inquiéter.

Pourquoi s’entêtent‑ils à faire de cette situation un problème propre aux Premières Nations et à continuer de croire qu’il suffit, pour en venir à bout, de changer les comportements des hommes autochtones dans les réserves?

Peut-on croire à l’absence de rapports entre cette situation critique et une discrimination générale basée sur le genre et la race, l’appauvrissement continu ou la marginalisation économique?

Au lieu de mettre l’accent sur les enquêtes policières, ne faudrait-il pas être proactif et agir avant que d’autres personnes disparaissent?

Si on sait tout de la question, pourquoi la situation se poursuit-elle et pourquoi 20 % des disparitions et des meurtres ne sont-ils pas encore élucidés? Nous devons trouver comment traduire les coupables en justice, permettre aux familles de faire leur deuil et protéger les femmes contre les criminels qui se promènent en toute liberté dans leurs collectivités.

Dans un rapport percutant paru le 6 mars dernier, un comité d’experts des Nations Unies sur l’élimination de la violence faite aux femmes a conclu que le Canada avait commis une « grave violation » des droits des femmes autochtones en n’en faisant pas assez pour contrecarrer la violence dont elles sont victimes.

Devant l’inaction de ce gouvernement, la colère gronde chez les communautés autochtones, qui se sentent ignorées. Et, surtout, nous ne faisons rien de plus pour nous assurer que les femmes autochtones sont traitées comme n’importe quelle autre femme au Canada en matière de protection contre les crimes violents.

Une autre table ronde d’une journée en 2016 est-elle vraiment la solution pour mettre fin à cette horrible tragédie? J’en doute!

Le gouvernement doit faire plus, beaucoup plus. Il doit créer des conditions propices à une conversation nationale plus vaste et envoyer aux femmes autochtones un message fort, leur disant qu’elles ne sont pas « invisibles ». Une enquête nationale serait l’occasion d’examiner la situation à la base et de jeter les fondements d’une action nationale concertée. L’information, l’éducation et l’action doivent aller de pair pour mettre fin à cette crise humaine.

Il n’y a pas d’autre solution. Ignorer les demandes des experts, des organismes et des citoyens qui réclament une telle conversation, c’est non seulement manifester un manque flagrant de respect, mais aussi montrer aux communautés autochtones et à l’ensemble des Canadiens notre indifférence totale à l’égard des prochaines victimes.

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