Publié par ls sénatrice Elizabeth Hubley le 06 novembre 2008
La semaine
d’action mondiale visant à interdire l’usage des bombes à dispersion qui vient
de s’écouler nous donne l’occasion de réfléchir au rôle passé et à venir du
Canada dans l’élimination de ces terribles dispositifs.
Les armes à
dispersion, comme les mines terrestres, sont particulièrement cruelles,
inhumaines et systématiques. Les bombes à dispersion sont conçues pour causer
le maximum de dommages sur une grande superficie, contrairement aux armes
modernes, qui détruisent leur cible avec une précision chirurgicale.
Ces bombes tuent
et mutilent beaucoup plus de civils que les armes conventionnelles. En plus de
causer des dégâts immédiats sur le champ, elles continuent de menacer la
population locale, tout comme les mines terrestres, en raison des « bombettes »,
composants de ces bombes qui n’ont pas encore explosé.
À l’instar
des mines terrestres, ces bombettes demeurent sur place pendant des dizaines
d’années après le conflit durant lequel elles ont été utilisées. Et, chaque
année, elles tuent ou estropient des centaines de civils, dont un grand nombre
d’enfants.
Sous les libéraux,
et particulièrement lorsque Lloyd Axworthy était ministre des Affaires
étrangères, le Canada était généralement perçu comme un chef de file dans le
domaine du désarmement et ainsi que de la réduction et de l’élimination de ce
genre d’armes, qui continuent de semer la mort longtemps après la fin des conflits.
La
signature à Ottawa en 1997 du Traité sur les mines antipersonnel en est un bel
exemple. Le Canada a ouvert la voie pour ce qui est non seulement d’interdire les
mines terrestres, mais aussi de s’occuper des séquelles de conflits antérieurs,
par l’enlèvement des mines terrestres. Une fois cet accord historique signé, et
sa mise en œuvre bien amorcée, la communauté internationale s’est tournée vers
les armes à dispersion par le truchement d’un forum appelé le Processus d’Oslo.
Malheureusement,
en changeant de gouvernement, le Canada a abandonné son rôle de leader dans le
domaine du désarmement sur la scène internationale. D’éminentes personnalités,
comme le lauréat du prix Nobel de la paix et champion de l’élimination des
mines terrestres, Jody Williams, ont qualifié de « décevante » la
position du Canada au cours des deux dernières années du Processus d’Oslo.
D’autres
commentateurs ont critiqué le Canada pour sa passivité et sa complaisance
envers les pays qui s’opposent à cette interdiction. L’ex-ministre des Affaires
étrangères, Peter MacKay, a indiqué à un moment donné que le Canada
préférait se débarrasser d’armes désuètes et imprécises tout en défendant le
droit des pays d’utiliser les nouvelles bombes à dispersion, qui sont censées
être plus précises. Son successeur, Maxime Bernier, n’est pas intervenu directement
durant ces négociations.
En juin
dernier, une bonne centaine de pays, dont le Canada, se sont entendus sur une
nouvelle convention visant à éliminer les armes à dispersion et qui sera signée
le 3 décembre. Mais cette fois, au lieu de prendre l’initiative, le Canada
a suivi ses homologues à contre cœur, se faisant souvent le défenseur de pays
comme les États-Unis, qui n’appuient pas cette convention. En tant que
Canadiens, nous devons réfléchir à ce qu’il reste à faire dans le dossier des
armes à dispersion. J’espère qu’un nouveau ministre saisira l’occasion de redonner
au Canada son rôle de leader, de continuer à faire pression pour que l’on
interdise sur une plus grande échelle ces armes inhumaines et de diriger les
efforts déployés par la communauté internationale pour se débarrasser de
l’héritage mortel laissé dans des pays un peu partout au monde.