Publié par le sénateur Charlie Watt le 18 mars 2009
Objet : Article paru dans Embassy, le 4 mars, « WTO Retaliation Threatened as EU Seal Ban Draws Closer »
Je vous écris aujourd’hui à propos de la chasse aux phoques. Il faut préciser qu’au Canada, il existe deux principaux types de chasse aux phoques : la chasse traditionnelle inuite (dite « de subsistance ») et la chasse commerciale.
En tant que sénateur et chasseur inuit, je crains pour la santé économique de mon peuple. Contrairement à la croyance populaire, lorsqu’un Inuit chasse le phoque, il utilise tout l’animal. La pelleterie sert pour les vêtements, la viande, pour la nourriture, et l’huile est très précieuse pour nous. La chasse aux phoques est l’une des principales sources de nourriture. Dans le Nord, la nourriture préemballée est un luxe que peu peuvent se payer. Nous devons donc trouver notre nourriture sur la terre et dans la mer.
Nous ne percevons pas les phoques de la même façon que les gens du Sud. Certains groupes aiment les dépeindre comme de jolies petites créatures enjouées aux yeux bleus, mais, pour nous, ils sont les chiens sauvages de la mer et des concurrents directs pour la nourriture. Les phoques, comme les humains, chassent les poissons. Dans les régions où les phoques sont nombreux, notre capacité à nous nourrir est grandement diminuée.
Les chasseurs inuits sont peu nombreux. Nous attrapons les phoques et les arrangeons sur place. La viande est placée dans le congélateur communautaire et sert à nourrir les plus démunis. C’est la façon de faire traditionnelle. Comme Inuits canadiens, nous pensons également à l’équilibre de l’écosystème : si la population de phoques est hors de contrôle, il risque de ne plus rester de nourriture pour nous. Voilà la véritable menace. Depuis l’introduction des quotas sur le phoque du Groenland, la population de phoques a triplé.
Du point de vue économique, la chasse aux phoques commerciale est notre principale industrie et l’unique source de revenus de nombreux Inuits. Pour combler le volume qu’il nous faut, nous dépendons d’autres chasseurs non Inuits. Nous dépendons également des Terre-Neuviens, qui attrapent les phoques du Groenland lors de la migration. Il faut rappeler que la chasse aux phoques est une activité saisonnière.
Nous apprécions les tentatives de la Communauté européenne pour exclure les Inuits de leur interdiction de la chasse de subsistance. Néanmoins, ce n’est pas le problème. Nous nous inquiétons principalement pour la chasse commerciale. Nous vendons nos produits à l’étranger, sur la scène internationale. Nous dépendons de la vente des pelleteries et des produits dérivés. Cette industrie est essentielle à notre survie économique.
Nous sommes manifestement en faveur de la chasse commerciale au Canada et nous continuons d’appuyer nos confrères de Terre-Neuve et du Bas-Saint-Laurent.
Nakurmiik,
L’honorable Charlie Watt, sénateur