Publié par la sénatrice Claudette Tardif le 02 avril 2009
Le refus du gouvernement conservateur d’accorder une flexibilité financière à Radio-Canada entraîne la perte de 800 emplois. Le radiodiffuseur public devra procéder à des compressions radicales de 171 millions de dollars pour l’année financière 2009-2010.
Il est très regrettable qu’autant de personnes de talent – journalistes, techniciens et employés administratifs – perdent leur emploi. Les compressions dans les services en français totaliseront 12 millions de dollars et feront perdre leur emploi à 336 francophones. Le réseau français absorbe presque la moitié des pertes d’emplois, ce qui ne correspond pas à la répartition traditionnelle des fonds fédéraux entre le réseau français et le réseau anglais, soit un tiers et deux tiers respectivement.
Je trouve très inquiétante la situation des communautés francophones hors Québec. Les compressions auront un effet désastreux dans tout le Canada en réduisant les bulletins de nouvelles en français ainsi que les émissions régionales et locales et les heures de programmation. En refusant d’aider Radio-Canada, le gouvernement met à mal un service essentiel au maintien de l’identité de ces francophones en situation minoritaire et sabre une des seules sources d’information en français.
La décision gouvernementale est particulièrement préoccupante du fait que, dans certains cas, les communautés francophones perdent la seule émission présentée dans leur langue. « Il y a peu d’émissions régionales qui portent sur nos réalités », a indiqué Lise Routhier-Boudreau, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes.
Le commissaire aux langues officielles a aussi fait des observations récemment sur le caractère essentiel de Radio-Canada pour les communautés francophones de l’Ouest.
Radio-Canada est un fil conducteur qui unit les Canadiens et offre aux familles des bulletins de nouvelles et des émissions de divertissement typiquement canadiens. Le gouvernement semble oublier que beaucoup de communautés rurales et isolées dépendent de Radio-Canada non seulement pour les emplois mais aussi pour l’information. Les compressions ne font qu’isoler encore plus les régions rurales et les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Compte tenu de tous les efforts investis dans les partenariats avec les communautés, dans le développement culturel et dans la radiodiffusion canadienne, ces compressions représentent un net recul.
Le gouvernement peut-il envisager d’investir dans son radiodiffuseur public national pour que tous les Canadiens aient accès à des services de qualité?
Se pourrait-il que les difficultés économiques servent de prétexte au gouvernement pour concrétiser son idéologie?