Déclaration faite le 17 octobre 2007 par la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool
L'hon. Rose-Marie Losier Cool:
Honorables
sénateurs, aujourd'hui, 17 octobre, marque la Journée internationale pour
l'élimination de la pauvreté. Je souhaite donc brièvement vous parler de la
pauvreté au Canada et tout particulièrement de la pauvreté de nos enfants et
aussi des parents, car les enfants pauvres ne viennent pas de parents
riches.
Le 11 septembre dernier, Campagne 2000, une coalition
politiquement indépendante qui vise à enrayer la pauvreté chez les enfants, a
publié un rapport détaillé sur la pauvreté chez les enfants au Canada. L'auteur
du rapport de 48 pages, M. Marvyn Novick, nous rappelle qu'en notre qualité de
parlementaires fédéraux nous n'avons pas respecté la promesse que tous les
partis ont faite en 1989 pour éliminer la pauvreté chez les enfants au Canada au
plus tard en l'an 2000.
Honorables sénateurs, encore de nos jours, en 2007, 800 000
de nos enfants, soit plus d'un enfant sur dix, vivent dans la pauvreté. Cette
proportion n'a pas changé depuis notre engagement de 1989, il y a bientôt 20
ans. Le seuil officiel de pauvreté que retient Statistique Canada est un revenu
annuel de moins de 27 000 $ pour une famille de quatre personnes : vous
conviendrez avec moi que c'est peu pour nourrir, habiller, loger, éduquer et
transporter quatre personnes — il faut parfois faire des choix
difficiles.
Le rapport s'interroge sur la prévalence de cette pauvreté
parmi nos enfants, compte tenu des années de prospérité économique sans
précédent que vit notre pays.
Honorables sénateurs, pourquoi nos enfants doivent-ils avoir
faim, avoir froid et être laissés pour compte alors que l'indice du
développement humain de notre pays nous classe au sixième rang dans le monde?
Pourquoi y a-t-il encore des enfants pauvres au Canada alors que notre produit
intérieur brut se classe au huitième rang à l'échelle mondiale et que la
richesse par habitant dépasse 28 000 $ dans notre pays?
Le rapport propose des pistes claires et intégrées pour
régler une fois pour toutes le problème de la pauvreté chez nos enfants. Plus
spécifiquement, Campagne 2000 recommande que la pauvreté infantile au Canada
soit réduite d'au moins 25 p. 100 d'ici 2012 et d'au moins 50 p. 100 d'ici
2017.
Pour atteindre cet objectif réaliste, le gouvernement
fédéral devrait porter la prestation fiscale pour enfants à 5 100 $ par année.
Cette mesure à elle seule réduirait la pauvreté chez les enfants au Canada de 37
p. 100. Le gouvernement fédéral devrait aussi augmenter ses crédits d'impôt pour
les travailleurs.
Tant le gouvernement fédéral que les provinces devraient
garantir un salaire minimum de 10 $ l'heure, investir substantiellement dans
l'apprentissage et la garde de la petite enfance, et injecter davantage de fonds
dans le logement social.
Les provinces devraient, de plus, élargir leurs régimes
d'assurance- médicaments et d'assurance dentaire, et permettre aux familles de
profiter de l'entière prestation annuelle fédérale pour enfant en cessant de
l'assujettir aux prestations d'aide sociale qu'elles versent aux plus
démunis.