Déclaration faite le 23 juin 2009 par le sénateur Grant Mitchell
L'honorable Grant Mitchell :
Honorables sénateurs, je veux insister encore une fois sur le fait que c'était un rapport solide. Je suis heureux du fait que le Sénat ait permis au comité de consacrer du temps au Nord. Tous les membres du comité qui ont eu l'occasion de faire le voyage ont trouvé que c'était une expérience forte, profonde et enrichissante.
Pendant notre voyage, nous avons découvert beaucoup de choses. J'aimerais cependant mettre l'accent sur l'une d'entre elles en particulier, à savoir les répercussions des changements climatiques sur le Nord. À force de le répéter, je crois qu'il est presque devenu un lieu commun de dire que le Nord est le canari dans la mine en matière de changements climatiques.
J'aimerais énumérer les observations que nous avons faites qui nous ont permis de constater clairement l'existence de changements climatiques ainsi que les réactions des habitants du Nord à ces changements. Il est intéressant de voir les réactions des gens qui subissent les effets des changements climatiques.
Après notre arrivée dans le Nord, les membres du comité se sont rapidement rendu compte que les changements climatiques ont progressé à un point tel que le pergélisol est en train de fondre. On n'a pas besoin d'être un scientifique pour le deviner. Il suffit d'observer ce qui se passe. L'un des principaux signes des changements climatiques et de la fonte du pergélisol est que les routes commencent à gondoler. Conduire sur ces routes, c'est presque comme faire un tour de montagnes russes. Les choses ne s'amélioreront pas, honorables sénateurs. Elles iront de mal en pis.
Il y a beaucoup d'histoires de problèmes structurels parce que les maisons et les immeubles sont en train de s'enfoncer dans le pergélisol. On a beaucoup entendu parler du fait que les routes de glace, qui jouent un rôle crucial dans le développement du Nord, se forment plus tard et disparaissent plus tôt. Non seulement cela est-il indicateur d'un problème, mais cela crée un problème. Le problème, entre autres, est que les prix augmentent. Nous avons vu le prix du litre de lait affiché à 4 $, et nous avons probablement tous entendu parler des prix exorbitants.
Les habitants de Tuktoyaktuk et d'autres régions nous ont dit que la harde de caribous de la région est passée de 160 000 à 40 000 ou 45 000 bêtes en cinq ans. Ils nous ont dit qu'il a plu en décembre il y a deux hivers. De plus, il y a eu du tonnerre et des éclairs en décembre à Tuktoyaktuk. On voit aussi des signes que la côte de cette localité est en érosion. De nombreuses maisons de ce village sont vulnérables, et éventuellement elles le seront toutes. Pourquoi cette érosion se produit-elle? Ce n'est pas parce que la glace fond et qu'il y a plus d'eau dans l'océan, quoique la glace qui se trouve sur la terre contribue à ce problème. Cette érosion se produit parce qu'il y a plus d'eau exposée à l'air libre. De façon générale, l'eau des mers et des océans est chauffée davantage. Alors l'eau se dilate, causant une augmentation des niveaux d'eau. C'est ce changement qui menace, entre autres, la localité de Tuktoyaktuk. On découvre dans cette région beaucoup d'animaux et d'insectes qui ne sont jamais allés aussi au nord.
Je souligne cette situation, honorables sénateurs, car nous voyons des sécheresses dans l'Ouest canadien, en Alberta. Cette sécheresse se prolongera probablement cet été. Je l'ignore, mais j'espère que non. Nous constatons ces changements au Canada avec des tempêtes plus soudaines et plus violentes et des variations de températures jamais vues. L'impact n'est pas aussi décisif et profond que pour les habitants du Nord, peut-être parce qu'il n'est pas aussi dramatique. Les gens qui habitent à Tuktoyaktuk, à Inuvik ou dans une autre région savent qu'il y a un problème, car ils le constatent tous les jours. Leurs territoires traditionnels de chasse et leurs circuits de chasse sont changés et fondamentalement détruits par les changements climatiques et les problèmes modernes de construction sont aggravés.
Honorables sénateurs, il est intéressant de voir que les habitants de ces collectivités prennent des mesures précises pour réduire leurs émissions, aussi vaines soient-elles. Leur quantité d'émissions est infiniment petite par rapport au reste du monde, mais ils les réduisent en désespoir de cause, car ils peuvent voir leur impact.
Les membres de notre comité ont rencontré l'ambassadeur d'Australie la semaine dernière. Celui-ci a décrit le programme actuellement mis en œuvre par son pays pour lutter contre les changements climatiques. C'est un programme solide. Il a déclaré que ce sont ces énormes feux de forêts incontrôlables qui se sont produits ces dernières années qui ont constitué l'élément déclencheur pour les Australiens. Ils ont réalisé que la situation était inusitée, qu'elle n'était ni normale ni naturelle et qu'elle ne devrait pas se produire. L'Australie prend des mesures draconiennes pour changer la donne.
Honorables sénateurs, j'espère que le gouvernement considérera ce rapport comme une preuve supplémentaire — pas totalement scientifique, mais les preuves scientifiques ne manquent pas par ailleurs — venant s'ajouter à une pile déjà fort considérable de preuves qu'il y a effectivement des changements climatiques, qu'ils sont attribuables aux activités humaines, et notamment celles qui ont lieu au Canada, et que notre pays doit y réagir en devenant un chef de file mondial à ce sujet.
Des voix : Bravo!