Publié par le sénateur Grant Mitchell le 18 août 2011
Dans le contexte de la science des changements climatiques, il est de plus en plus facile de voir les indices du changement climatique en cours et son évolution très préoccupante. Nier la science, c’est comme nier la gravité. Dans ce contexte, on me rappelle souvent le sketch culte de Monty Python dans lequel le propriétaire d’un perroquet maintenant décédé le retourne au magasin où il l’a acheté et demande un remboursement. Il se heurte à un préposé dans le magasin qui, face à la preuve écrasante du trépas du volatile (le perroquet mort est dans la main de son propriétaire, il est inerte, ne respire pas et ne réagit pas quand on le frappe sur le comptoir, etc.), répond sans cesse et obstinément que le perroquet n’est pas mort, il dort, tout simplement.
Officiellement le gouvernement appuie la science des changements climatiques, mais ses actes en disent plus long que ses paroles. Le premier ministre a déclaré à deux reprises sur la scène internationale qu’il soutient la science pour qu’elle permette de limiter les émissions de GES à des niveaux faisant en sorte que l’augmentation de la température ne dépasse pas 2 degrés en moyenne. Or, tout en disant cela, il démantèle systématiquement Environnement Canada, détruisant sa capacité de mener quelque action qui compte, surtout en matière de changements climatiques. Récemment, les conservateurs ont annoncé le licenciement de 10 % des effectifs du ministère, dont bon nombre sont des scientifiques d’une importance critique pour l’efficacité de toute initiative visant les changements climatiques. Le dernier jour de la session de printemps du Sénat, un sénateur conservateur a fait dans cette Chambre une déclaration mettant clairement en cause la science des changements climatiques, sans que Harper ne hausse les épaules. Imaginez-vous ce qui serait arrivé si un sénateur avait affirmé que le Canada n’a pas besoin des F-35.
Bien sûr, c’est à ses fruits qu’on reconnaît vraiment un arbre. Le gouvernement a fait moins que rien à propos des changements climatiques, au-delà de certaines initiatives surtout symboliques. Il n’a pas accompli de progrès mesurables pour la réalisation de son objectif, annoncé pour 2020, en matière de réduction des émissions.
Il est étrange, également, qu’alors que nombreux intervenants dans le secteur de l’énergie plaident pour un prix du carbone comme moyen de prédilection de s’attaquer à ce problème, le gouvernement privilégie la stratégie de la réglementation. Même le National Post a fait remarquer qu’il s’agit là de l’approche la plus interventionniste possible, ce qui est particulièrement singulier de la part d’un gouvernement qui, d’un point de vue idéologique, ne serait guère ou pas enclin à favoriser une approche de ce type.
Cela m’amène à la conclusion que nous ne verrons pas ce gouvernement appliquer des réductions définies par une réglementation. M. Kent, personne intelligente et bien intentionnée, se trouve dans la même situation intenable que sa kyrielle de prédécesseurs. Il perçoit l’enjeu, il sait que nous devons mener une action importante et il va devoir se démener pendant tout l’exercice de son mandat pour maintenir ne serait-ce qu’un soupçon de crédibilité pendant que le gouvernement lui maintiendra des menottes aux mains.
Bien sûr, on voit mal comment le gouvernement arrivera à élaborer la réglementation qu’il a promise après avoir licencié 700 membres de son personnel d’Environnement Canada.
Nous savons tous que faire de beaux discours, ça ne coûte pas cher. Ce dont les Canadiens prennent conscience au vu des inondations, de la sécheresse, de phénomènes climatiques violents, des infestations de dendroctone du pin, c’est que les changements climatiques, eux, ont un coût très élevé.