Publié par le sénateur Robert Peterson le 25 juillet 2011
L’intention du gouvernement fédéral de supprimer unilatéralement le guichet unique de la Commission canadienne du blé prend de l’ampleur, et le cri d’alarme des agriculteurs s’intensifie. En 1998, la Loi sur la Commission canadienne du blé a été modifiée de sorte que de telles réformes radicales ne puissent être adoptées sans la tenue d’un plébiscite auprès des producteurs de céréales, que le ministre responsable de l’Agriculture ne puisse appuyer de tels remaniements sans la tenue de ce vote libre, et que le ministre de l’Agriculture ne présente aucun projet de loi visant à modifier la Commission sans l’approbation préalable de la majorité des agriculteurs. Néanmoins, afin de plaire à une fraction de l’électorat et d’exaucer un souhait de longue date du premier ministre, le gouvernement a adopté une approche unique pour venir à bout des subtilités de la loi : l’abolir, purement et simplement. Le gouvernement prévoit faire adopter une loi visant à abroger la Loi sur la Commission canadienne du blé, sans aucun égard pour les droits démocratiques des agriculteurs de l’Ouest canadien.
Comment les ministres et les sénateurs du premier ministre Stephen Harper peuvent-ils se sentir autorisés à priver les agriculteurs canadiens de leur droit de vote? Comment notre gouvernement légitime-t-il cette emprise dictatoriale sur la Commission canadienne du blé? On nous répond que le Parti conservateur a remporté les dernières élections à la majorité et qu’il a donc, de ce fait, reçu un mandat fort de la part de la population canadienne; cela suffit à justifier le démantèlement du guichet unique de la Commission. Ce qu’une telle affirmation suppose a de quoi étonner : les conservateurs affirment maintenant que toute initiative de leur part est justifiée parce qu’ils ont obtenu un gouvernement majoritaire.
Toutefois, au sujet des droits de ses actionnaires (les agriculteurs), le conseil d’administration de la Commission – et c’est tout à son honneur – tiendra un plébiscite cet été, faisant fi de la négation du droit de vote et en dépit des propos indélicats du ministre de l’Agriculture, Gerry Ritz, qui, le 29 juin, a précisé clairement qu’il accorderait très peu de valeur, voire aucune, au résultat du scrutin.