Les effets des changements climatiques sur les droits de la personne—Interpellation
Publié le 10 mars 2016 Hansard et déclarations par l’hon. Mobina JafferVeuillez appuyer ici pour lire la première partie du discours de la sénatrice Jaffer
L’honorable Mobina S. B. Jaffer :
Honorables sénateurs, comme vous le savez, hier, j’ai lancé une interpellation sur les changements climatiques et leurs effets sur les droits de la personne. Malheureusement, nous avons manqué de temps, et j’aimerais terminer mon intervention d’hier.
Cela veut dire que nous avons le droit de vivre notre vie sans que d’autres nous causent du tort. Les changements climatiques et les activités humaines qui y contribuent ont une incidence sur le droit à la vie des personnes les plus vulnérables du monde. C’est le gagne- pain de ces dernières qui pâtira des dévastations causées par le nombre de plus en plus élevé de phénomènes climatiques extrêmes et de modifications topographiques. Leurs chances de subvenir à leurs besoins sont menacées.
Comme Oxfam International l’a fait remarquer :
Les échecs des pays riches face à l’urgence du changement climatique bafouent en effet les droits de l’homme de millions de personnes les plus pauvres du monde.
Sixièmement, il y a le droit à l’autodétermination. Les changements climatiques menacent le droit de certains peuples à l’autodétermination. Le sort de pays entiers est en jeu. La hausse continue du niveau des mers, au rythme actuel, pourrait entraîner la submersion d’États insulaires du Pacifique composés d’îles basses, notamment Kiribati et Tuvalu, en quelques dizaines d’années. Les Nations Unies ont déjà commencé à parler de ces peuples comme étant de possibles réfugiés climatiques.
Honorables sénateurs, lorsque nous pensons à l’incidence des changements climatiques sur l’humanité et l’économie, nous devons penser à plusieurs facettes de la question. Il est impératif d’atténuer les effets de ces changements sur tous les secteurs. Comme Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, l’a noté dans l’allocution qu’il a prononcée devant la Lloyd’s :
Les plus clairvoyants d’entre vous prévoient des répercussions mondiales plus vastes sur la propriété, la migration et la stabilité politique, ainsi que sur la sécurité de l’approvisionnement en nourriture et en eau.
Alors pourquoi ne prenons-nous pas plus de mesures pour y remédier?
Honorables sénateurs, voilà la question que je vous pose aujourd’hui. Pourquoi ne prenons-nous pas d’autres mesures?
Je veux terminer en vous faisant part d’un récit dont il est question dans un article rédigé, plut tôt cette année, par les jeunes activistes canadiens Craig et Marc Keilburger :
L’activiste inuite Sheila Watt-Cloutier se souvient du jour où son voisin n’est pas rentré à la maison.
Simon Nattaq vit en face de chez Mme Watt-Cloutier à Iqaluit, au Nunavut. C’est un chasseur qui compte des dizaines d’années d’expérience et des connaissances traditionnelles transmises de génération en génération. Il connaît le territoire. Il sait s’il est sécuritaire de s’aventurer sur la glace. Mais en février 2001, un point faible inattendu sur une piste habituellement sécuritaire l’a pris par surprise et sa motoneige a brisé la glace.
Simon Nattaq est sorti de l’eau en rampant et a survécu jusqu’à ce que les secouristes le trouvent deux jours plus tard. À ce moment-là, les engelures avaient fait leur travail. On a dû amputer ses deux jambes.
Pour Mme Watt-Cloutier, ancienne femme politique et présidente de la Conférence circumpolaire inuite, cette histoire illustre la façon dont les changements climatiques s’attaquent non seulement à l’environnement, mais aux fondations mêmes des connaissances, de la tradition et de l’identité inuites.
Honorables sénateurs, les changements climatiques nous toucheront tous, en tant que Canadiens et en tant qu’êtres humains. Aujourd’hui, je reprends la question de M. Carney : pourquoi n’en fait-on pas davantage pour lutter contre les changements climatiques?
Je vous remercie de votre attention.