Émilien Allard
Publié le 18 juin 2015 Hansard et déclarations par l’hon. Wilfred MooreL’honorable Wilfred P. Moore :
Honorables sénateurs, je souhaite aujourd’hui rendre hommage à Émilien Allard, qui a été carillonneur du Dominion en 1975 et en 1976. Né à Montréal il y a 100 ans — le 12 juin pour être exact —, M. Allard a fait ses débuts musicaux en jouant de la clarinette dans un groupe de Grand-Mère, au Québec. Une carrière qui durera toute une vie venait de commencer. Lorsqu’il a déménagé à Trois-Rivières, il a commencé à étudier le piano et la théorie musicale avec J. Antonio Thompson et le père Joseph Gers-Turcotte.
Il a obtenu son diplôme du Conservatoire national de musique de Montréal, où il s’est mis à l’orgue et à l’harmonie. De 1946 à 1948, il a fréquenté la Beiaardschool à Mechelen, en Belgique, où il a étudié avec Staf Nees et Jef van Hoof. Il a obtenu un diplôme de carillonneur en 1948, puis est allé étudier au Conservatoire de Paris la direction d’orchestre, l’orchestration et l’esthétique musicale.
En 1949, il a été nommé carillonneur de l’oratoire Saint-Joseph, à Montréal, et est resté 20 ans à ce poste. Émilien Allard a reçu de nombreux honneurs au cours de sa carrière, dont le prix international des carillonneurs, qu’on lui a décerné à Mechelen.
En 1975, il a été nommé carillonneur du Dominion et s’est produit en concert à la Tour de la Paix. Il est décédé un an plus tard, en 1976.
Les collègues carillonneurs d’Émilien estiment qu’il était l’un des compositeurs les plus talentueux en Amérique du Nord pour le carillon. Il a créé plus de 50 pièces originales et 700 transcriptions, tant des œuvres religieuses expressives que des arrangements folkloriques vivants et des compositions abstraites novatrices.
De plus, au fil des décennies, Radio-Canada a diffusé sa musique jouée au piano ou encore par des grands ou petits orchestres, et même dans des films d’animation. Il était également un interprète exceptionnel et admiré. D’ailleurs, dans un article sur l’oratoire Saint-Joseph signé par Geoffrey Vandeville, on présente M. Allard comme étant une célébrité à Montréal. Il cite Le Petit Journal : « Les jours de fête, dans les défilés, il sait comment faire chanter et danser la foule autour d’un carillon de 11 cloches tiré par un camion. »
Même s’il n’a été carillonneur du Dominion qu’au cours des deux dernières années de sa vie, ses concerts à la Tour de la Paix ont épaté les auditoires. Un gestionnaire travaillant sur la Colline l’a arrêté un jour dans le couloir de l’édifice du Centre pour lui faire la demande suivante : « Monsieur Allard, auriez-vous l’obligeance de cesser de jouer des œuvres avec autant de virtuosité en début d’après-midi? Tout le monde arrête de travailler pour se précipiter aux fenêtres afin de mieux vous entendre. »
Au nom du Sénat du Canada, nous adressons nos remerciements sincères à M. Allard et aux autres anciens carillonneurs du Dominion, Percival Price, Robert Donnell et Gordon Slater, ainsi qu’à la carillonneuse du Dominion actuelle, Mme Andrea McCrady. Nous les remercions pour les interprétations magistrales qui ont été la musique de la Colline du Parlement.