L’honorable Jim Munson :
Honorables sénateurs, j’aimerais aujourd’hui saluer le travail de John Ward. John travaille à La Presse Canadienne depuis près d’un demi-siècle — 48 ans, pour être exact. C’est lui qui a les plus longs états de service de toute la boîte.
John prendra sa retraite à la fin du mois. Même s’il avait déjà l’allure du journaliste typique d’antan au moment où il a été embauché comme messager pour un emploi d’été, en juin 1970, il ne gagnait à l’époque que 49 $ par semaine. John ne figurait peut-être pas dans le film Spéciale première, mais cela ne l’a pas empêché de jouer de nombreux rôles pendant ses 48 ans dans le milieu de la presse. En fait, il était juste là, à la tribune, à l’époque où les journalistes couvraient les travaux quotidiens du Sénat — je crois même qu’il en est question sur le site web Ripley’s Believe It or Not! Il couvre la Colline depuis 30 ans déjà. Surnommé « le professeur » dans le milieu, John donne l’impression d’avoir tout couvert à Ottawa. Selon son épouse, il n’a jamais voulu travailler ailleurs qu’à La Presse Canadienne. Et il en a fait, du chemin : Toronto, London, en Ontario, le siège des Nations Unies, à New York, Edmonton, puis retour au bureau d’Ottawa.
Quand John est arrivé sur la Colline en 1970, son père, Ben Ward, travaillait lui aussi à La Presse Canadienne. Pendant un certain temps, il était « le fils de Ben ». Pour tout vous dire, quand je suis moi-même arrivé à Ottawa, deux ans plus tard, j’ai connu son père, Ben, avant de le rencontrer, lui.
Je me suis toujours senti à l’aise avec les Ward parce que nous pouvions tout nous dire, si vous voyez ce que je veux dire. Les réalisations de John Ward sont nombreuses : il a couvert 30 budgets, de nombreuses élections fédérales, des scrutins provinciaux dans six provinces différentes; il est allé aux Nations Unies et dans les zones de guerre de Bosnie et de Somalie; il était aussi là pour plusieurs événements marquants, comme les visites du dalaï-lama, de Nelson Mandela et du prince Charles. Il a été souvent finaliste au Concours canadien de journalisme, qu’il a remporté deux fois. Ce n’est toutefois pas la gloire qui l’intéressait : c’est simplement qu’il adorait écrire et aller au fin fond des choses.
Pendant les premières années de La Presse Canadienne, les articles ne portaient pas de signature personnelle; ils provenaient simplement de La Presse Canadienne. Toutefois, on pouvait presque toujours deviner lesquels avaient été rédigés par John. Qu’il s’agisse de procès pour meurtre de personnes riches, mais pas très célèbres, des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, de la Coupe Grey, des Jeux olympiques, de la tornade qui a frappé Edmonton, de l’accident ferroviaire survenu à Hinton, en Alberta, ou de la tragédie du vol 111 de la Swiss Air, John Ward rédigeait des articles nets et précis. Il ne prenait jamais le pas sur le récit; il le décrivait, tout simplement.
La semaine prochaine, les collègues et les amis de John vont lui rendre hommage dans un débit de boisson local. Voici le titre : Le 28 juin 1970, Elvis Presley et les Beatles trônaient toujours en tête des palmarès, l’âge légal de voter venait de passer de 21 à 18 ans et John Ward, alors adolescent, venait de mettre les pieds pour la première fois dans la salle de rédaction de La Presse Canadienne.
Honorables sénateurs, quand on connaît John Ward, on ne peut pas faire autrement que l’aimer. Son nouveau surnom sera « professeur émérite ». Merci, John, de nous avoir raconté le quotidien au cours du dernier demi-siècle. Honorables sénateurs, je vous invite à rendre hommage à John Ward.