Le discours du Trône—Motion d’adoption de l’Adresse en réponse
Publié le 9 décembre 2015 Hansard et déclarations par l’hon. Maria Chaput (retraitée)L’honorable Maria Chaput :
Honorables sénateurs, comme l’ajournement du débat a été fait au nom du sénateur MacDonald, je demanderais qu’il demeure à son nom une fois que j’aurai terminé mon discours.
C’est avec grand plaisir que je vous fais part aujourd’hui de quelques commentaires sur le discours du Trône de notre nouveau gouvernement, qui a ouvert la première session de la 42e législature du Canada.
En tant que Canadienne, je suis heureuse de retrouver dans ce discours un gouvernement qui reflète les valeurs propres à une nation et le désir de créer un monde où règnent l’équité, la justice et la dignité. Le Canada est un grand pays, d’un océan à l’autre, et tous les Canadiens doivent être respectés et entendus, peu importe leur allégeance.
Les critiques diront sans aucun doute que ce ne sont que des mots, très peu de mots, en fait. Je dirai plutôt que ces mots expriment une vision claire, bien ancrée dans les valeurs fondamentales qu’a adoptées notre gouvernement, une vision qui servira de feuille de route pour la prochaine décennie.
N’oublions pas que les Canadiens et les Canadiennes ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient un réel changement, et ils veulent faire confiance au gouvernement qu’ils ont élu. Par conséquent, les initiatives privilégiées par le gouvernement fédéral doivent répondre aux préoccupations et aux aspirations des Canadiens et Canadiennes.
Par ce discours du Trône, le gouvernement illustre son écoute attentive et son comportement respectueux. Il est respectueux en offrant des chances égales de réussite à la classe moyenne, et fait preuve de collaboration respectueuse avec les secteurs de gouvernement, les provinces et les territoires. Il est respectueux également de la démocratie, de ses institutions, de ses agents parlementaires et de la diversité qui fait la force du Canada et qu’incarnent les Premières Nations, les immigrants, les familles des anciens combattants, et j’en passe.
Ce ne sont là que quelques exemples, et les initiatives du gouvernement à cet égard sont précises, équitables et judicieuses.
Le gouvernement s’est engagé à être ouvert et transparent. Il s’engage à rétablir la communication avec les Canadiens et leur confiance à l’égard de nos institutions publiques, y compris le Parlement. Je suis soulagée de constater que la tenue de débats ouverts sera favorisée, que le gouvernement n’utilisera pas de publicités à des fins partisanes et qu’il ne favorisera pas les projets de loi omnibus. Quel soulagement!
Je suis aussi très fière de ce gouvernement qui veut rétablir une relation de nation à nation entre le Canada et ses peuples autochtones. Je cite ici un extrait du discours du Trône :
[…] une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.
Je souligne quelques mots à présent au sujet de l’engagement du gouvernement fédéral, qui « encouragera l’utilisation des langues officielles du pays ».
Je suppose que ces quelques mots sont des éléments encourageants pour le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, plus particulièrement la minorité linguistique francophone. Cependant, il faut lire entre les lignes et interpréter cet encouragement de la part du gouvernement fédéral. J’aurais voulu y retrouver un engagement plus clair et des initiatives précises et ciblées, comme le gouvernement l’a fait pour ses autres priorités.
Permettez-moi de citer quelques lignes tirées du communiqué de la Fédération des communautés francophones et acadienne, diffusé le 4 décembre 2015 :
Nous voyons dans cette formulation une volonté d’agir pour que les langues officielles prennent leur place au pays, tant dans l’offre de services en français de la part du gouvernement que dans l’appui à la vitalité des communautés elles-mêmes.
Ce matin même, le 9 décembre, dans un communiqué, la Société Santé en français du Manitoba a déclaré ce qui suit, et je cite :
La Société Santé en français salue le gouvernement libéral pour un discours du Trône positif pour la santé en français au Canada.
À titre de francophone du Manitoba et de sénatrice représentant les communautés de langue officielle en situation minoritaire, j’aurais tout de même préféré qu’il y ait des initiatives concrètes liées à l’engagement de favoriser l’utilisation des langues officielles du Canada.
Ainsi, en tout respect, je me permets ces quelques commentaires.
Dans un premier temps, pour utiliser les langues officielles, il faut les apprendre, les parler et avoir de multiples occasions de s’en servir. Par conséquent, puisque le gouvernement du Canada prend au sérieux son engagement envers la dualité linguistique, il devra faire sa part pour sensibiliser les nouveaux immigrants à l’identité linguistique unique de notre pays et mettre à leur disposition les outils nécessaires pour qu’ils puissent apprendre, s’ils le veulent, évidemment, les deux langues officielles du Canada.
Voici d’autres questions qui me viennent à l’esprit : quel sera l’impact direct de cet engagement qui vise à appuyer l’épanouissement, en français, de nos artistes et de nos industries culturelles francophones en situation minoritaire? Auront-ils accès à des outils de développement et de promotion en français au même titre que la majorité? Ces belles paroles se traduiront-elles en actions en faveur du développement culturel, encore plus important pour une minorité linguistique? Nos périodiques et nos radios communautaires auront-ils accès à des programmes qui tiennent compte de leurs réalités particulières?
S’agissant du gouvernement fédéral et de ses ministères, le gouvernement fédéral veillera-t-il à encourager fortement les ministères et les bureaux qui offrent des services partout au Canada à utiliser, à promouvoir et à offrir des services dans les langues officielles du Canada? Celle volonté se traduira-t-elle par la révision des politiques du Conseil du Trésor et de ses directives à l’égard de la Loi sur les langues officielles? Aurons-nous finalement droit à des règlements de la part du Conseil du Trésor qui respectent notre réalité?
Pouvons-nous nous attendre à un gouvernement fédéral qui assumera ses obligations telles qu’elles sont définies par la Loi sur les langues officielles, et qui sera disposé à en modifier la partie IV, qui est désuète, injuste et qui contribue à notre assimilation?
Plusieurs y ont vu avec soulagement un lien avec le Plan d’action sur les langues officielles du gouvernement fédéral pour favoriser le développement continu des communautés de langue officielle partout au pays. Cependant, le nouvel élan en faveur de la création de partenariats avec les provinces, tant au chapitre de la santé, de l’éducation, que de la culture, entre autres, ne doit pas faire abstraction des obligations et des responsabilités du gouvernement fédéral envers les minorités linguistiques, plus particulièrement en ce qui concerne les services en français dans un contexte minoritaire.
Le gouvernement devrait tenir compte également du rôle international que jouent les francophones à l’échelle nationale. C’est un aspect important pour cette communauté qui veut contribuer pleinement à l’essor de la société canadienne.
À titre personnel, j’apprécie, dans le discours du Trône, le renouveau démocratique et les actions qui seront accomplies pour rétablir la confiance et la responsabilité du gouvernement du Canada. Je suis d’accord avec les Canadiens qui veulent que le gouvernement s’emploie davantage à respecter des règles d’éthique.
Les Canadiens et Canadiennes ont le droit d’attendre de leur gouvernement qu’il fasse bon usage des fonds publics et, par son discours, notre gouvernement leur donne l’espoir que les fonds publics seront utilisés à bon escient.
Je me sens privilégiée de faire partie de ce changement important, et j’ai bon espoir que le Canada en sortira gagnant.
Honorables sénateurs, je vous remercie de votre attention.