Les Rohingyas musulmans
Publié le 18 juin 2015 Hansard et déclarations par l’hon. Mobina JafferL’honorable Mobina S. B. Jaffer :
Honorables sénateurs, moi aussi, je dis « Ramadan Mubarak » à tous les Canadiens, et plus particulièrement à mes frères et sœurs des quatre coins du Canada. C’est aujourd’hui un jour très spécial pour nous tous et un mois extraordinaire pour les musulmans.
Honorables sénateurs, j’en profite pour saluer le page Yves Dushimimama, qui est natif de Kigali. Il obtiendra aujourd’hui la citoyenneté canadienne. Il m’a dit qu’aujourd’hui, ce serait le plus beau jour de sa vie. Aujourd’hui, il sera Canadien, comme nous tous. Félicitations!
Des voix : Bravo!
La sénatrice Jaffer : Honorables sénateurs, j’aimerais vous parler aujourd’hui de Hussein Ahmed. Hussein est un Rohingya de 12 ans du Myanmar. Il y a trois ans, son père a été tué par des actes violents dont les Rohingyas musulmans ont été victimes. Il a vécu avec sa mère dans un camp situé près de Sittwe, où il essayait comme il pouvait de subvenir à ses besoins primaires, car la nourriture et l’eau étaient rares et l’éducation, une idée inatteignable.
Hussein a récemment été approché par un intermédiaire qui l’a convaincu qu’il pouvait gagner de l’argent à l’étranger pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère. Désireux d’aider sa mère devenue veuve, Hussein est monté à bord d’un bateau dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Malheureusement, les mirages qu’on lui avait fait miroiter ne se sont pas concrétisés. Après des mois passés en mer dans des conditions effroyables, Hussein n’a plus de domicile et se cherche une terre d’accueil. Il vit actuellement dans un camp temporaire situé en Indonésie et il a très peu d’espoir. Il a dit ceci :
Je suis né au Myanmar, mais ce pays ne voulait pas de moi. J’ai essayé d’aller en Thaïlande et en Malaisie; je ne peux aller nulle part, car aucun pays ne veut de moi. Chez moi, j’étais un enfant, mais je dois aujourd’hui me comporter comme un homme. Je suis seul dans un pays étranger. Mon avenir est entre les mains de Dieu.
À 12 ans à peine, Hussein n’a plus de foyer et il ignore s’il pourra un jour revoir sa mère.
Honorables sénateurs, l’histoire de Hussein ressemble à celle de centaines de milliers de Rohingyas qui, s’ils sont encore dans leur pays d’origine, le Myanmar, vivent dans des conditions déplorables dans des camps ou qui, s’ils ont fui, sont aujourd’hui coincés en mer ou parqués dans des camps de réfugiés temporaires situés dans des pays voisins, comme la Malaisie, l’Indonésie ou la Thaïlande.
Les Rohingyas subissent toutes sortes d’atrocités et ont besoin d’aide. Pour faire connaître leur situation à la population et favoriser le changement, je vais faire le point toutes les deux semaines sur mon site web et ma page Facebook. Toute l’information se trouvera sous la rubrique « Les Rohingyas du Myanmar : à la recherche d’une terre d’accueil ». Je ferai le point sur la crise qui frappe les Rohingyas et mettrai en ligne des histoires et témoignages par rapport à ce qu’ils vivent. Ce faisant, j’espère que toute la société saura unir ses efforts, provoquer le changement et trouver un endroit où les Rohingyas musulmans seront les bienvenus. J’espère que Hussein et tous les autres enfants, maris et épouses qui ont été séparés de leurs proches pourront retrouver leur famille et vivre ensemble et en paix.
Honorables sénateurs, je sollicite votre soutien pour cette mission. Ensemble, informons la population, favorisons le changement et trouvons une terre d’accueil pour les Rohingyas. Merci beaucoup.