L’honorable Dennis Glen Patterson—Les commentaires du sénateur
Publié le 19 octobre 2016 Hansard et déclarations par l’hon. Lillian Eva DyckL’honorable Lillian Eva Dyck :
Honorables sénateurs, il y a trois semaines, Rebecca Kudloo, présidente de Pauktuutit, et Elisapee Sheutiapik, présidente du Conseil Quulliit de la condition féminine du Nunavut, ont demandé au sénateur Dennis Patterson de s’excuser de les avoir accusées de racisme. Dans le National Observer du 21 septembre, le sénateur Patterson a comparé son expérience en tant que sénateur non inuk à celle de Qajaq Robinson, une commissaire non inuke nommée à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Il a affirmé que, selon certaines personnes, son expérience politique et sa connaissance du Nunavut, ainsi que l’expérience personnelle qu’il a acquise en côtoyant des Inuits et en chassant avec eux, n’étaient pas suffisantes pour le qualifier en tant que sénateur du Nunavut. Il a écrit ce qui suit : « Ils ne peuvent pas faire fi de la couleur de ma peau. »
Le sénateur Patterson a aussi ajouté ceci :
[…] J’hésite beaucoup à utiliser le terme « racisme » pour dénoncer des gestes ou des croyances.
Toutefois, je crois malheureusement que le racisme est exactement ce qui pousse Pauktuutit, l’association nationale des femmes inuites du Canada, et le Conseil Qulliit de la condition féminine du Nunavut à condamner la nomination récente de Qajaq Robinson en tant que commissaire à l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Il a aussi écrit ce qui suit :
Il est triste de voir des organisations qui représentent les Inuites condamner Qajaq Robinson en se fondant uniquement sur sa race, sans tenir compte de ses remarquables qualifications et réalisations.
Le sénateur Patterson a également écrit ceci :
Ne pas tenir compte de sa connaissance approfondie des Inuits, de son expérience avec le système de justice et de sa connaissance de la loi revient à dire que la race — la lignée — est l’exigence principale de la compétence d’un commissaire. C’est raciste et déplorable.
Honorables sénateurs, ces chefs n’avaient pas condamné Mme Robinson ni émis de remarques désobligeantes à son égard. Elles n’ont pas remis en question ses titres de compétence, mais elles ont effectivement demandé qu’une Inuite fasse partie de la commission en plus de Qajaq Robinson et des autres commissaires non inuits. Mme Kudloo a déclaré ceci :
Il n’y a absolument rien de personnel dans tout cela. Pour que cette enquête veuille dire quelque chose pour les Inuits, elle doit être dirigée par des femmes autochtones, dont des femmes inuites comme nous. En ce qui me concerne, c’est une question fondamentale de principe, d’égalité et de confiance.
Mme Sheutiapik a, quant à elle, déclaré ceci :
En tant que sénateur, il devrait avoir honte de dire que c’est une question de race. Ce n’est pas le cas.
Honorables sénateurs, le fait que des chefs inuites aient demandé la présence d’une commissaire inuite n’a rien de raciste, tout comme elles ne font pas preuve de sexisme en demandant une commissaire. Le mandat de la commission consiste à examiner le cas des Inuites canadiennes portées disparues ou assassinées. Il est donc naturel que des Inuites demandent qu’une des leurs représente leur point de vue et leur vécu au sein de la commission.
Honorables sénateurs, il est injuste et injustifié que le sénateur Patterson ait traité Mmes Kudloo et Sheutiapik de racistes. Les sénateurs autochtones, soit les sénateurs Brazeau, Lovelace Nicholas, Sibbeston, Sinclair, Watt et moi, demandons au sénateur Patterson de reconsidérer ses propos et de présenter des excuses personnelles et publiques à Rebecca Kudloo, présidente de Pauktuttit Inuit Women of Canada, ainsi qu’à Elisapee Sheutiapik, présidente du Conseil Qulliit de la condition féminine du Nunavut.