L’oléoduc Énergie Est
Publié le 9 mars 2016 Hansard et déclarations par l’hon. James CowanL’honorable James S. Cowan (leader des libéraux au Sénat) :
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre. Votre collègue le ministre Dion a comparu devant nous il y a quelques semaines. Le sénateur Joyal, qui occuperait le siège voisin du vôtre s’il était ici, l’a pressé de questions à propos de la vente d’armes à l’Arabie saoudite. Le ministre a répondu que le gouvernement, même s’il déplore avec véhémence le bilan effroyable de l’Arabie saoudite en matière de droits de la personne, n’annulerait pas le contrat.
Non seulement nous allons continuer de vendre de l’équipement militaire à l’Arabie saoudite, mais nous continuons d’acheter le pétrole saoudien au détriment de nos propres producteurs.
L’an dernier, les raffineries du Québec, de l’Ontario, de Terre- Neuve-et-Labrador et du Nouveau-Brunswick ont importé près de 650 000 barils par jour de pays tels que l’Arabie saoudite. Or, vous n’êtes pas sans savoir que l’Ouest canadien produit une quantité de pétrole bien supérieure à ce dont il a besoin et à ce qu’il peut consommer.
Le gouvernement a récemment annoncé que le processus réglementaire d’évaluation du projet Énergie Est, qui devait déjà s’échelonner sur 18 mois, serait allongé de 9 mois.
Étant donné que l’oléoduc Énergie Est nous permettrait de réduire à la fois notre dépendance au pétrole de l’étranger et les émissions de gaz à effet de serre associées à la production et au transport du pétrole importé, et puisque le gouvernement déplore la situation des droits de la personne en Arabie saoudite, pays duquel nous continuons à importer énormément de pétrole, pourquoi ne pas accélérer le processus d’évaluation du projet Énergie Est?
L’honorable James Gordon Carr, C.P., député, ministre des Ressources naturelles : Sénateur, l’une des principales responsabilités du gouvernement du Canada consiste à acheminer les ressources naturelles de notre pays vers les marchés d’une manière durable. C’est l’objectif annoncé par le premier ministre. Cela fait partie de ma lettre de mandat.
Voilà un objectif que je répète dans presque chacune de mes réponses aux questions qui me sont adressées à la Chambre des communes. Les questions abondent, soit dit en passant, et elles dénotent différents points de vue. Un jour, j’ai d’ailleurs eu droit à quatre différentes perspectives : celle des conservateurs, celle du NDP, celle du Bloc et celle de Mme May.
D’une certaine façon, c’est une reproduction à petite échelle de la situation à laquelle nous faisons face. Nous devons établir un consensus au pays quant à l’acheminement de nos ressources naturelles. Nous avons été incapables de parvenir à ce consensus parce que le processus réglementaire ne bénéficie pas de la confiance des Canadiens.
Compte tenu de l’objectif que je viens d’exprimer, j’estime que nous commettrions une erreur si nous avions recours au processus même qui n’a pas fonctionné.
Par conséquent, nous modifions ce processus en le prolongeant — sans ajouter de délai excessif ni déraisonnable —, car nous estimons que cela est nécessaire à de nombreux égards, surtout pour tenir de véritables consultations auprès des communautés autochtones, parce qu’il s’agit de notre obligation morale et constitutionnelle.
Ensuite, nous devons évaluer les émissions de gaz à effet de serre dans un contexte où les changements climatiques et l’accord international signé à Paris par 195 pays font partie de la nouvelle réalité du développement économique et de la durabilité environnementale. On ne saurait envisager la croissance économique indépendamment de la durabilité environnementale.
Notre objectif consiste à mettre en place un processus qui gagnera la confiance des Canadiens afin d’atteindre un but que nous partageons, vous et moi. Voilà ce que nous avons l’intention de faire.
Nous avons déjà entamé des consultations sérieuses. Nous avons déjà lancé des messages dans le cadre de tables rondes que nous avons organisées à Halifax, à Winnipeg, à Vancouver, à Calgary et à Toronto et auxquelles ont participé — en même temps et pour parler d’un même sujet — des dirigeants de groupes environnementaux, des chefs autochtones, des dirigeants de l’industrie et des représentants gouvernementaux.
Ce n’est pas ainsi que se sont déroulés les débats et les discussions sur huit grands projets énergétiques canadiens au cours des dernières années. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles il n’a pas été possible d’obtenir d’approbations majeures ni de construire de grands oléoducs jusqu’aux côtes, c’est justement parce que la confiance du public que nous cherchons à obtenir n’était pas au rendez-vous. Notre objectif consiste à obtenir cette confiance au moyen du processus que nous sommes en train de mettre en place.
Par conséquent, je pense que nous avons un objectif commun. Nous allons travailler d’arrache-pied en vue de l’atteindre.
Des voix : Bravo!