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Manquant les compétences requises pour réussir : Le Canada bénéficierait d’une stratégie nationale d’alphabétisation

Manquant les compétences requises pour réussir : Le Canada bénéficierait d’une stratégie nationale d’alphabétisation

Manquant les compétences requises pour réussir : Le Canada bénéficierait d’une stratégie nationale d’alphabétisation

Manquant les compétences requises pour réussir : Le Canada bénéficierait d’une stratégie nationale d’alphabétisation


Publié le 2 décembre 2016
Publication @fr par l’hon. Elizabeth Hubley (retraitée)

Je sais que c’est difficile à croire, tout particulièrement dans un monde de haute technologie, mais 48 % des Canadiens ne disposent pas des compétences en alphabétisation nécessaires pour participer pleinement à notre société.

Oui, près de la moitié des Canadiens âgés de 16 à 65 ans ne disposent pas des compétences minimales requises pour réussir dans la vie, et les plus bas taux d’alphabétisation du pays sont observés dans le Canada atlantique.

Sur l’Île-du-Prince-Édouard, il est de 46 %. C’est un problème grave. Comment peut-on espérer prospérer alors que notre population ne dispose pas des compétences requises pour réussir?

L’alphabétisation a d’importantes retombées positives, tant pour les individus que pour les collectivités. La première, évidente, est économique. Nous savons tous qu’il existe une corrélation entre le niveau d’alphabétisation et le niveau de salaire. Nous savons également que les Canadiens ayant de faibles compétences en alphabétisation ont deux fois plus de chance de se retrouver sans emploi. Et, lorsqu’ils ont un emploi, ils occupent le plus souvent un emploi mal rémunéré.

Les taux d’alphabétisation ont aussi une influence sur la santé. Avant toute chose, les personnes ayant de faibles compétences en alphabétisation sont plus enclines à subir un accident du travail, car elles sont incapables de lire les consignes de santé et de sécurité, ou les instructions d’utilisation. De façon générale, elles sont employées dans le secteur primaire ou dans celui de la construction, où les taux d’accidents sont supérieurs à la moyenne. Cela entraîne un taux d’absentéisme plus élevé, une moindre productivité et risque d’exposer les collègues à un risque plus élevé d’être eux aussi accidentés.

Nous sommes tous perdants, financièrement, lorsque des Prince-Édouardiens ne peuvent participer à la prospérité en raison de leur faible alphabétisation. Le coût encouru est bien réel, notamment en matière d’assistance sociale et de soins de santé. La World Literacy Foundation estime que le coût économique et social de l’analphabétisme est, au Canada, de plus de 32 milliards de dollars américains.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces chiffres ne vont pas s’améliorer si l’on n’y consacre pas beaucoup d’efforts. Même si de plus en plus de jeunes poursuivent des études postsecondaires, leur nombre ne contrebalancera pas celui des adultes ayant de faibles compétences en alphabétisation. Comme le veut le proverbe, ce qu’on n’utilise pas s’oublie. La lecture n’est pas une chose que l’on apprend naturellement et que l’on n’oublie jamais, et les compétences en lecture tendent à faiblir avec l’âge.

Heureusement, on compte sur l’Île-du-Prince-Édouard des personnes qui travaillent avec une passion et un dévouement admirables à faire des progrès au regard de cet épineux problème. L’Alliance pour l’alphabétisation d’Île-du-Prince-Édouard réunit de telles personnes. De son programme estival de mentorat pour les enfants à une bourse d’apprentissage pour les adultes, l’Alliance accomplit un travail admirable au regard de ce défi constant.

Mais, comme les autres coalitions d’alphabétisation, elle a vu sa principale source de financement fédérale supprimée en 2014 par le précédent gouvernement. À court d’argent, l’Alliance court le danger réel de fermer ses portes prochainement. Rétablir sa principale source de financement permettrait d’accomplir d’énormes progrès en matière d’alphabétisation sur notre île.

Une autre organisation qui accomplit un admirable travail est Workplace Learning PEI. Certains de nos concitoyens n’ont pas les moyens de s’alphabétiser et d’acquérir des compétences essentielles par eux-mêmes. Workplace Learning PEI les aident alors à évaluer leurs besoins, a établir un plan d’apprentissage adapté à leur horaire, et leur offre un soutien et des conseils personnalisés.

Workplace Learning PEI peut également organiser l’apprentissage sur le lieu de travail, évaluer les employés pour définir les domaines à améliorer, puis aider l’employeur et les employés à atteindre conjointement les objectifs fixés.

Malgré l’admirable travail de ces organisations, le fait est que nous avons, en la matière, perdu du terrain au cours de la dernière décennie. Nous avons perdu des organisations, des bénévoles et des professionnels compétents. Mais nous pouvons renverser la vapeur, et le gouvernement fédéral se doit de faire sa part.

Nous devons appuyer les organisations qui, sur le terrain, contribuent aux programmes d’alphabétisation. Nous devons inciter plus d’employeurs à investir dans l’alphabétisation et le développement les compétences essentielles de leurs employés. Et pour ceux, sans emploi, qui ont de faibles compétences en alphabétisation, nous devons créer d’autres possibilités d’apprentissage. On ne saurait douter que nous bénéficierions tous de l’établissement et de la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’alphabétisation.

Améliorer le niveau de l’alphabétisation dans l’ensemble du pays aurait assurément de réelles retombées positives pour les personnes visées, mais aussi pour nos collectivités, et l’ensemble du Canada. Nous devons faire plus, en tant que pays, pour nous assurer que tous les Canadiens tirent parti de leur plein potentiel, et nous devons le faire dès maintenant.