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Un régime national d’assurance-médicaments s’impose, a-t-on affirmé au caucus ouvert du Sénat

Un régime national d’assurance-médicaments s’impose, a-t-on affirmé au caucus ouvert du Sénat
Health Care

Un régime national d’assurance-médicaments s’impose, a-t-on affirmé au caucus ouvert du Sénat


Publié le 9 juin 2015
Publication @fr par l’hon. Art Eggleton

Le Canada devrait instituer un régime national d’assurance-médicaments pour garantir à tous les Canadiens l’accès aux médicaments dont ils ont besoin, bien que certains s’inquiètent du coût d’un tel régime. C’est l’avis exprimé par les membres du panel organisé à l’occasion du caucus ouvert public tenu par les libéraux du Sénat mercredi dernier.

« Tous les pays avancés qui possèdent un système universel de soins de santé assurent la couverture universelle des médicaments sur ordonnance – tous les pays avancés sauf le Canada », a affirmé M. Steven Morgan, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique et fondateur de Pharmacare 2020. « À vrai dire, notre régime d’assurance-maladie prend fin au moment où le médecin tend au patient une ordonnance à faire remplir. Ce dernier n’a peut-être pas d’assurance pour cette ordonnance, selon l’endroit où il habite, son âge et son employeur. »

À l’heure actuelle, les régimes d’assurance-médicaments au Canada varient selon la province, de même que la méthode de paiement des médicaments. Ils vont de la couverture des médicaments onéreux en fonction du revenu en Colombie-Britannique à la protection obligatoire au Québec, où chacun doit être couvert par une assurance privée ou par un régime public provincial.

Mme Danielle Martin, vice-présidente de la division chargée des affaires médicales et des solutions pour le système de santé au Women’s College Hospital de Toronto, a fait observer qu’en l’état actuel des choses, 1 Canadien sur 10 ne peut pas se payer les médicaments sur ordonnance dont il a besoin. « Tous les médecins au Canada peuvent vous raconter l’histoire de patients qui n’ont pas les moyens de faire remplir leurs ordonnances et vous dire comment l’état de santé de ces personnes en est affecté », a dit Mme Martin. Elle a ajouté que les maladies non soignées entraînent une hausse du nombre des visites à l’urgence, accentuant la pression sur le système de santé.

Selon une étude publiée récemment dans le Journal de l’Association médicale canadienne, un régime universel d’assurance-médicaments pourrait contribuer à réduire les dépenses totales consacrées aux médicaments sur ordonnance de 7,3 milliards de dollars au Canada. La majeure partie de cette somme représenterait des économies pour les particuliers. Par contre, on estime que les dépenses publiques augmenteraient de 1 milliard de dollars par année.

C’est le coût additionnel pour les gouvernements qui préoccupait M. Brett Beltchetz, urgentologue à Toronto et collaborateur émérite de l’Institut Fraser. M. Beltchetz a souligné que, bien qu’il soit favorable à l’idée d’un régime d’assurance-médicaments à plus ou moins long terme, il craint que les coûts ne dépassent de beaucoup les estimations et que cela ne détourne de précieux dollars d’un système de santé déjà poussé à la limite. « En mettant en place un régime d’assurance-médicaments, qui pourrait alourdir sensiblement le coût du système, nous pourrions aggraver en fait la véritable source de notre rendement médiocre, soit les temps d’attente », a fait remarquer M. Beltchetz.

L’argument selon lequel l’assurance-médicaments ne constituerait pas la panacée pour remédier aux maux du système de santé ne signifie toutefois pas qu’il faille exclure cette idée. En répondant à une question concernant le mauvais état de santé général des populations autochtones du Canada, dont les médicaments sont remboursés par le gouvernement fédéral, Mme Martin a mentionné que l’accès aux médicaments requis ne représente qu’un morceau du casse-tête quand il s’agit d’améliorer la santé d’une population. « Tant de facteurs qui déterminent la santé d’une population n’ont rien à voir avec l’accès aux soins de santé. En effet, 80 % de la santé des populations dépend des soi-disant déterminants sociaux de la santé – revenu, instruction, logement, cohésion sociale, dignité – », a-t-elle soutenu. Nous devrions assurément travailler à mettre sur pied un régime d’assurance-médicaments, mais la conversation en matière de santé ne doit pas s’arrêter là.

Si le Canada devait décider d’entreprendre de mettre sur pied un régime public d’assurance­médicaments, il est clair qu’il faudrait consulter de nombreux intervenants auparavant. M. Owen Adams, de l’Association médicale canadienne, a déclaré que les employeurs comptent sur les avantages qu’ils offrent pour recruter et retenir des employés qualifiés, tandis que beaucoup de programmes de retraite comportent déjà d’excellents régimes d’assurance-médicaments. Pour M. Adams, en définitive, de telles consultations doivent être menées par Ottawa pour être fructueuses. « Je ne crois pas qu’il soit possible d’envisager une norme nationale d’accès aux médicaments sur ordonnance sans la participation du gouvernement fédéral », a-t-il opiné.

Mme Martin préconise également l’exercice d’un leadership fédéral dans ce domaine. « À mon avis, le rôle du gouvernement fédéral doit être de faciliter, de financer et d’établir des normes pour nous aider à nous orienter dans des domaines d’action très complexes qui ne le deviendront pas moins si nous évitons de parler d’assurance-médicaments universelle », a-t-elle déclaré. « Le point à retenir, selon moi, c’est que si l’assurance-maladie promet un accès aux services de santé fondé sur les besoins et non sur la capacité de payer, nous échouons complètement en ce qui concerne les médicaments sur ordonnance, et aucun motif, économique ou autre, ne justifie de continuer comme à l’heure actuelle. »

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