Forum des sénateurs libéraux

La Commission de vérité et réconciliation

La Commission de vérité et réconciliation

La Commission de vérité et réconciliation


Publié le 2 juin 2015
Hansard et déclarations par l’hon. Lillian Eva Dyck

L’honorable Lillian Eva Dyck :

Honorables sénateurs, cette semaine, la Commission de vérité et réconciliation tiendra sa dernière activité publique, ici, à Ottawa. Depuis 2010, la Commission de vérité et réconciliation a entendu les témoignages d’environ 7 000 anciennes victimes de partout au pays sur les expériences horribles qu’elles ont vécues dans les pensionnats indiens.

On a enlevé quelque 150 000 enfants autochtones à leurs parents pour les placer dans des pensionnats parce qu’on voulait « tuer l’Indien dans l’enfant ». Un grand nombre d’entre eux y ont subi des sévices physiques, émotionnels et sexuels. Des enfants ont été maltraités, battus, soumis à des expériences scientifiques contraires à l’éthique et même torturés avec des chaises électriques improvisées. On estime qu’environ 6 000 enfants sont morts et que plusieurs d’entre eux ont été inhumés dans des tombes anonymes.

Des années 1880 jusqu’en 1996, année de la fermeture du dernier pensionnat en Saskatchewan, on a enseigné aux enfants autochtones qu’ils étaient inférieurs et on les punissait lorsqu’ils parlaient dans leur langue maternelle. La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, a parlé de « génocide culturel ». Ce matin, le juge Sinclair a dit que ce n’était rien de moins qu’un « génocide culturel ».

Honorables sénateurs, ma mère, Eva McNab Quan, de la nation Gordon, a vécu dans un pensionnat. Elle n’en a jamais parlé. Grâce à tout le travail de la Commission de vérité et réconciliation, nous comprenons maintenant pourquoi notre mère avait si honte d’être Indienne, pourquoi elle faisait semblant d’être Écossaise et pourquoi elle nous disait de dire que nous étions Chinois. On lui avait appris au pensionnat à avoir profondément honte d’être Indienne. Cette honte nous a été transmise et a été renforcée par les agissements et l’attitude des gens autour de nous. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à deux aînées maintenant décédées, Laura Wasacase et Emma Sand, qui m’ont appris à être fière de mes origines cries.

Honorables sénateurs, les effets des politiques gouvernementales antérieures visant à tuer l’Indien dans l’enfant se font ressentir encore aujourd’hui. Les séquelles intergénérationnelles des pensionnats se manifestent par les taux élevés de violence familiale et de toxicomanie, le nombre considérable d’enfants autochtones placés dans des familles d’accueil, la surreprésentation des Autochtones dans les prisons et les centaines de femmes autochtones disparues ou assassinées. Voilà autant de problèmes qui sont attribuables aux torts causés par les pensionnats.

Ce matin, la Commission de vérité et réconciliation a rendu public le sommaire de son rapport final. Ce document pourrait faire la lumière sur un passé sombre et profondément troublant, mais il nous indiquera la voie à suivre grâce à 94 recommandations, notamment celles de mettre en œuvre intégralement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de lancer une commission nationale d’enquête nationale sur les assassinats et les disparitions de femmes et de jeunes filles autochtones tuées. Remercions-en le ciel.

Je voudrais exprimer mes remerciements les plus sincères au président de la Commission de vérité et réconciliation, le juge Murray Sinclair, ainsi qu’aux deux commissaires, le chef Wilton Littlechild et Mme Marie Wilson, pour le dévouement et le leadership dont ils ont fait preuve dans le cadre de leur travail sans précédent sur les pensionnats indiens. Ils ont fait, ce matin, des discours inspirants, qui ont suscité beaucoup d’émotions. J’ai ressenti une profonde tristesse, mais aussi un grand soulagement. Personne ne pourra nier les séquelles durables des pensionnats indiens sur les Autochtones. On ne peut plus nier la vérité ou en faire fi. Merci.

Des voix : Bravo!

 

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