Forum des sénateurs libéraux

Motion portant que le Sénat prenne note que le mois de juin est le mois de la naissance d’Helen Keller et qu’il le désigne comme le « Mois de sensibilisation à la surdi-cécité »

Motion portant que le Sénat prenne note que le mois de juin est le mois de la naissance d’Helen Keller et qu’il le désigne comme le « Mois de sensibilisation à la surdi-cécité »
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Motion portant que le Sénat prenne note que le mois de juin est le mois de la naissance d’Helen Keller et qu’il le désigne comme le « Mois de sensibilisation à la surdi-cécité »


Publié le 28 mai 2015
Hansard et déclarations par l’hon. Joan Fraser

L’honorable Joan Fraser (leader adjointe de l’opposition) :

Honorables sénateurs, je suis très heureuse de prendre la parole pour appuyer la motion de la sénatrice Martin demandant que nous désignions le mois de juin comme le Mois de la sensibilisation à la parole et à l’audition — pardon, le Mois de la sensibilisation à la surdi-cécité. La parole et l’audition constituent un sujet distinct, que j’aborderai dans un moment. Il s’agit du Mois de la sensibilisation à la surdi-cécité.

J’ai été profondément touchée, comme l’ont sûrement été tous les sénateurs, d’entendre la sénatrice Martin et le sénateur Munson parler d’un problème dont la plupart d’entre nous ignoraient probablement l’existence, soit le grand nombre de Canadiens qui sont atteints de surdi-cécité. Ils sont près de 70 000, et sur ce nombre, il semble que seulement 3 000 personnes participent à des programmes pour obtenir l’aide dont elles ont besoin.

On a choisi le mois de juin parce que c’est le mois de naissance d’Helen Keller. Je suis sûre que la plupart d’entre nous se souviennent d’avoir vu, il y a plusieurs années, l’incroyable film intitulé Miracle en Alabama, qui montre comment Helen Keller, une enfant sourde et aveugle laissée à elle-même et vivant essentiellement comme un animal, a été sauvée grâce à Anne Sullivan, qui a été pour elle ce qu’on appelle aujourd’hui une intervenante. Grâce à cette intervention de longue durée menée avec patience, Helen Keller a réussi à surmonter l’isolement terrible dans lequel elle vivait et à devenir une source d’espoir et d’inspiration pour le monde entier, non seulement parce qu’elle a appris à parler, mais aussi parce que, dès qu’elle a été en mesure de le faire, elle a employé son esprit remarquable pour se pencher sur les grands problèmes de son époque. Elle était véritablement une source d’inspiration.

Ce n’est pas tout le monde qui naît avec un esprit doué comme celui qu’Helen Keller a employé à fort bon escient. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir des parents qui ont les moyens de lui fournir un aidant à temps plein, comme l’ont fait les parents d’Helen Keller pour la sortir de sa prison. Voilà pourquoi nous devons assumer une responsabilité collective pour aider ceux qui souffrent de cet isolement inimaginable. Ces gens ne sont peut-être pas tous comme Helen Keller, mais chacun d’entre eux peut contribuer à améliorer notre société, et cela passe d’abord par la sensibilisation.

Ce serait merveilleux si nous pouvions, en cette dernière séance de mai, désigner juin comme le Mois de sensibilisation à la surdi-cécité. Mais avant que mai tire sa révérence, j’aimerais rappeler à mes collègues que le mois de mai a été désigné Mois de la parole et de l’audition par Orthophonie et audiologie Canada. Cet organisme, qui représente quelque 6 000 orthophonistes et audiologistes canadiens, organise chaque année, en mai, une campagne conçue pour faire connaître un aspect des problèmes de la parole et de l’audition.

Je crois que le thème de cette année intéressera particulièrement les sénateurs. Il portait sur la santé de la communication et le vieillissement. Saviez-vous que les personnes qui ont une perte auditive sont de deux à cinq fois plus susceptibles de développer une démence? Par ailleurs, la perte auditive arrive au troisième rang parmi les problèmes chroniques les plus fréquents, après l’arthrite et l’hypertension, et seulement une personne sur cinq qui pourrait bénéficier d’un appareil auditif en utilise un.

Que ces problèmes surviennent à la naissance ou plus tard, il est évidemment plus difficile d’avoir à la fois un problème de vision et d’audition que d’être seulement sourd, mais une perte d’audition peut entraîner un terrible isolement. Je me dis parfois que, si j’avais à choisir, je préférerais perdre la vue plutôt que l’audition.

Nous vivons et voyons parfois des situations de ce genre, qui deviennent plus fréquentes quand nous vieillissons. Quand on n’entend pas, on a beaucoup de mal à participer aux réseaux de communication des gens qui nous entourent. Dans un premier temps, on a du mal à comprendre ce que les gens disent. Les blagues nous échappent parce qu’on a manqué la chute. Et un jour, on se retrouve au milieu d’un groupe où, bien que tout semble normal en apparence, on est séparé de tout le monde par un mur invisible.

Je suis convaincue que la plupart des personnes ici aujourd’hui se souviennent de notre ancien collègue, le sénateur Jean-Robert Gauthier, qui a été mon voisin de banquette pendant plusieurs années. Il était atteint de surdité et se sentait vraiment très seul au Sénat, malgré toutes ses années de service parlementaire exceptionnel. Sur le plan fonctionnel, il était pour ainsi dire seul au Sénat, jusqu’à ce qu’on mette en place un système informatique lui permettant de recevoir sur un écran d’ordinateur la transcription qui était faite par un sténographe. Tout a, à ce moment-là, changé pour lui.

Néanmoins, je respectais le sénateur Gauthier et je l’estimais, mais je ne peux pas, cependant, dire que je communiquais beaucoup avec lui. J’étais assise à côté d’un homme qui ne pouvait pas comprendre un seul mot de ce que je disais. J’avais un collègue qui avait l’habitude de m’envoyer des blagues écrites et, un jour, je me suis mise à les faire suivre au sénateur Gauthier. Il pouvait lire. Ah, comme il aimait lire. Son monde s’illuminait. Les blagues le faisaient rire, et c’est cela qui m’a fait comprendre à quel point il était isolé sans les mots écrits, et ce, même s’il pouvait tout voir.

Grâce à l’aide de personnes comme les membres d’Orthophonie et Audiologie Canada, certaines personnes arrivent à faire des progrès remarquables. J’ai un jour fait la connaissance d’un homme qui était né sourd et muet et qui parlait couramment l’anglais, le français et l’espagnol. Je crois qu’il était en train d’apprendre une quatrième langue à l’époque où j’ai fait sa connaissance.

Toute chose est possible pour quiconque a la détermination, les ressources et le talent. Mais combien d’entre nous ont tout cela et, en particulier, combien ont les ressources dont ils ont besoin?

Entamons le mois de juin en pensant à la surdi-cécité. Je tiens à remercier de nouveau la sénatrice Martin et le sénateur Munson d’avoir porté ce terrible handicap à notre attention. Nous devons également réfléchir au mois de mai. La campagne cette année portait sur la communication et le vieillissement, un autre dossier important auquel nous devons porter attention, chers collègues.

Des voix : Bravo!

 

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