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Deuxième lecture du projet de loi S-244, Loi instituant la Semaine de la gentillesse

Deuxième lecture du projet de loi S-244, Loi instituant la Semaine de la gentillesse

Deuxième lecture du projet de loi S-244, Loi instituant la Semaine de la gentillesse

L’honorable Jim Munson:

Honorables sénateurs, au Sénat, nous abordons beaucoup d’enjeux importants et de questions graves, mais je pense qu’il est temps d’être gentils. Aujourd’hui, nous avons entendu parler de nombreux gestes de gentillesse : le sénateur Manning a parlé de la voiture qui a été prêtée à des étrangers, et la sénatrice Coyle des Sœurs de Sainte-Marthe, à l’Université St. Francis Xavier, et des gestes de gentillesse qu’elles ont posés. Ainsi, je pense qu’ils ont donné le ton à ce dont je m’apprête à parler.

Auparavant, je signale qu’il semble que c’est aujourd’hui la Journée « Remerciez un plombier ».

Le sénateur Plett : Bravo!

Le sénateur Munson : Le voilà, l’estimé Don Plett, le 25 avril, et j’en aurai peut-être plus à dire à ce sujet dans un instant.

C’est pour moi un honneur de parler, à l’étape de la deuxième lecture, du projet de loi S-244, Loi instituant la Semaine de la gentillesse. Le but de ce projet de loi est simple : que le Canada désigne la troisième semaine de février comme Semaine de la gentillesse tous les ans. La gentillesse est décrite comme une qualité consistant à être amical, généreux et attentionné. Cela semble tellement simple, mais, comme je l’ai récemment appris, il existe des études sur les effets de la gentillesse sur nous et sur les motivations qui la sous-tendent. Nous savons que la gentillesse est bonne pour la santé — la santé physique et le bien-être mental — et qu’elle a aussi des répercussions sociales positives. Je crois que le fait de désigner une semaine de la gentillesse tous les ans contribuera à créer une culture de gentillesse qui sera à l’avantage des Canadiens de tout le pays.

L’idée de souligner la gentillesse n’est pas nouvelle. La Semaine de la gentillesse est une tradition à Ottawa depuis 11 ans grâce aux encouragements du rabbin Bulka et de Centraide, et elle est aussi reconnue à l’Assemblée législative de l’Ontario depuis neuf ans grâce en partie au travail et au soutien de mon ami, le député d’Ottawa-Centre, Yasir Naqvi.

Beaucoup d’écoles et de collectivités au pays célèbrent déjà une semaine ou une journée de la gentillesse. La Colombie-Britannique met l’accent sur les actes de bonté spontanés chaque année en février, et ce, depuis plusieurs années, comme le sénateur Manning l’a souligné aujourd’hui. De plus, de nombreux pays célèbrent la Journée mondiale de la gentillesse, qui a lieu en novembre.

Je suis certain que plusieurs sénateurs ont entendu parler de campagnes de gentillesse qui se déroulent dans leurs collectivités, que ce soit grâce aux nouvelles locales ou par l’entremise de personnes qui ont à cœur de changer les choses. Il y a chaque jour, partout au pays, des gestes guidés par la bonté et le sens moral. Pensons, par exemple, à l’incident tragique qui s’est produit à Toronto; depuis deux jours, nous pouvons lire le récit des gestes de gentillesse qui se produisent à Toronto, où les gens s’entraident et se soutiennent en ce moment difficile.

Je songe aujourd’hui à des gens comme Brent Kerr, Luke Elwood et Mark Decker, de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, qui ont fait 150 bonnes actions en l’honneur du 150e anniversaire du Canada. Je pense aussi à une collectivité de Terre-Neuve, Springdale, qui a célébré en février, pour la deuxième année, une semaine de la gentillesse.

Quelle est la source de ma motivation? Je suis né au Nouveau-Brunswick et j’y ai grandi. Vous vous souvenez peut-être de l’histoire d’une jeune Néo- Brunswickoise, Rebecca Schofield. Rebecca a créé une tradition de gentillesse grâce à sa campagne #Beccamaditde. Elle a lancé cette campagne, qui allait devenir son héritage, en décembre 2016, il y a seulement deux ans, après avoir appris qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre en raison d’un cancer du cerveau. Becca est malheureusement décédée en février de cette année, mais son influence se fera sentir encore très longtemps.

En effet, la jeune Becca a provoqué une énorme vague de bienveillance, qui s’est répandue depuis le Nouveau-Brunswick au reste du Canada et aussi loin qu’en Australie, en demandant aux gens de poser de simples gestes de gentillesse. Cela faisait partie de sa liste de choses à faire avant de mourir. Son message m’a profondément touché. Le voici :

J’ai toujours su que les gens sont capables de gentillesse. La gentillesse et l’optimisme sont des choix qu’on décide de faire à chaque fois.

C’est formidable de penser que j’ai inspiré des gens à prendre cette décision tous les jours, encore et encore.

Eh bien, Becca et son mouvement pour la gentillesse m’ont certainement inspiré et j’espère qu’il en est de même pour d’autres sénateurs. Je propose d’instituer la Semaine de la gentillesse pour nous rappeler de faire preuve de bienveillance, de compassion et de générosité les uns envers les autres, comme Becca le souhaitait.

J’aimerais que les initiatives comme celle de Rebecca soient soulignées et célébrées ensemble au même moment chaque année et que ces entreprises de gentillesse reçoivent l’attention qu’elles méritent partout au pays. Je souhaite voir une semaine de la gentillesse au Canada inciter plus de gens à donner de leur temps à leur collectivité ou même simplement à sourire aux autres. Une semaine de la gentillesse pourrait faire boule de neige d’un bout à l’autre du pays, grâce à des campagnes de sensibilisation, à la participation des écoles, au bénévolat, à des collectes de fonds, à l’entraide et j’en passe. Une semaine de la gentillesse donnerait aux collectivités, aux organismes et aux écoles une occasion de diffuser un message d’optimisme, d’offrir des programmes et de mener des activités de rayonnement. J’ose espérer que cela fera du Canada un pays plus bienveillant, plus agréable et plus sain pour tout le monde.

Je rappelle aux honorables sénateurs que j’ai présenté, il y a quelques années, un projet de loi d’initiative parlementaire afin de désigner le 2 avril Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Cette journée va maintenant au-delà des gestes de gentillesse. Elle incite à l’action et elle encourage le milieu de l’autisme à parler d’une seule voix et à se mobiliser pour se faire entendre par le gouvernement.

Ma mère disait toujours : « Où s’en va le monde? » Je ne sais pas si votre mère se posait également la question pendant les années 1950, 1960, 1970 ou 1980.

Avec tout ce qui se passe et ce que les médias rapportent dans le monde de nos jours — qu’il soit question d’intimidation, de harcèlement, d’isolement ou d’exclusion —, il est plus important que jamais de rappeler aux gens de traiter leur prochain avec amour et gentillesse. Nous passons tellement de temps à dire comment ne pas traiter les autres, ne pas leur faire de mal ou ne pas leur manquer de respect — et il est essentiel d’en discuter —, mais n’est-il pas temps de commencer à rappeler l’importance d’être gentil, bienveillant ou tout simplement agréable les uns envers les autres? Nous devons profiter de l’occasion de montrer comment des gestes de gentillesse volontaires peuvent avoir des effets positifs dans le monde qui nous entoure. Il y a tout simplement trop de haine dans le monde.

Cela me rappelle une citation de Martin Luther King sur la compassion :

L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine; seul l’amour le peut.

En cette époque où une foule de problèmes nous affligent tous les jours, je crois qu’il est temps de commencer à raconter des histoires de gentillesse, de respect et de bonté. La désignation d’une semaine de la gentillesse nous en donnera justement l’occasion. Voilà à quoi la Semaine de la gentillesse peut servir.

Nous savons tous à quel point il est agréable d’être traité avec gentillesse par quelqu’un d’autre. C’est ce que nous ressentons tous les jours lorsqu’une personne nous ouvre la porte à l’occasion. Lorsque des gens font quelque chose de gentil pour nous, nous ressentons à la fois de la joie, de la reconnaissance et de la gratitude. Les bienfaits de la gentillesse vont essentiellement de soi; je n’ai pas à m’étendre longuement sur le sujet. Lorsque nous sommes gentils et agréables, nous contribuons au bonheur et au bien-être de ceux que nous aidons.

En nous appuyant sur nos expériences personnelles, nous savons que nous devrions faire preuve de gentillesse pour rendre heureux les gens qui nous entourent. Toutefois, avez-vous déjà remarqué à quel point il est agréable de faire quelque chose de gentil pour quelqu’un d’autre? De petits gestes, comme tenir la porte, laisser passer quelqu’un devant soi dans une file d’attente, faire un compliment ou offrir un café, sont simples, mais gratifiants. Nous nous sentons bien d’avoir donné un coup de main à quelqu’un : les actes de gentillesse ont des effets positifs pour les deux parties concernées.

Plusieurs études ont conclu que les avantages d’être gentil, de donner de son temps ou de son argent à une personne ou à une cause peuvent accroître le bonheur de la personne qui donne, et pas seulement de la personne qui reçoit. En effet, les actes d’altruisme augmentent la production de sérotonine, « l’hormone du bonheur » qui contribue à nous rendre plus heureux. Ils peuvent également augmenter les niveaux d’ocytocine et d’endorphine.

De plus, il est prouvé que les activités philanthropiques stimulent le centre du plaisir du cerveau, ce qui accroît l’optimisme et l’estime de soi. On qualifie ce sous-produit de la gentillesse d’euphorie altruiste. Ainsi, favoriser la gentillesse ne ferait pas qu’augmenter le bonheur des bénéficiaires d’une telle délicatesse, mais améliorerait également la santé mentale et le sentiment de bonheur des personnes gentilles.

Il existe d’autres avantages à aider son prochain. Si l’amélioration de la santé mentale est un argument de taille en faveur de la gentillesse, il y a aussi des avantages sur le plan de la santé physique. Plusieurs études montrent que le bénévolat et les actes de gentillesse peuvent améliorer la santé cardiaque, réduire le niveau de stress et la pression artérielle en plus d’augmenter le niveau d’énergie et l’espérance de vie. En choisissant d’être gentil, on ne fait pas que contribuer au bien-être des autres : on améliore aussi son propre bien-être. Tout le monde en sort gagnant.

Chers collègues, en fait, la gentillesse n’est pas seulement avantageuse pour les parties concernées. La science nous indique que les effets positifs de la gentillesse sont également ressentis par toutes les personnes qui en sont témoins, ce que l’on appelle l’élévation morale.

En plus d’avoir aussi des effets positifs sur le cerveau et le système nerveux des gens qui les observent, les actes de gentillesse incitent ces personnes à vouloir, elles aussi, faire preuve d’altruisme. La gentillesse est donc littéralement contagieuse. Quand on voit quelqu’un agir avec gentillesse, on veut l’imiter. Un geste peut créer un effet d’entraînement. C’est pourquoi je propose la désignation d’une semaine de la gentillesse. Un seul acte de gentillesse pourrait en engendrer des milliers d’autres au Canada durant cette semaine.

Honorables sénateurs, je sais qu’il faudra un certain temps pour que la Semaine de la gentillesse soit instituée officiellement. Je le sais d’expérience. Il a fallu trois ans pour que mon projet de loi sur l’autisme soit adopté, mais le jeu en valait la chandelle. Je demande à chacun d’entre vous de poser des actes de gentillesse et de dire des mots gentils à autrui au cours des prochains jours afin de voir ce que cela vous fait ressentir. N’oubliez pas que, en posant un seul acte de gentillesse, vous aidez quelqu’un d’autre, vous améliorez votre état de santé et vous inciterez probablement une autre personne à faire preuve de générosité, ce qui pourrait entraîner une série d’actes de gentillesse. Je vous invite à m’informer de vos actes de gentillesse en utilisant le mot-clic #Soyezgentils sur Twitter.

Honorables sénateurs, en terminant, je tiens à vous rappeler que les Canadiens ont la réputation d’être polis et aimables. Il me semble donc indiqué de désigner une semaine en février, en plein milieu de l’hiver et aux environs de la Saint-Valentin, où ils seront appelés à être gentils avec les autres et à répandre la gentillesse et la compassion dans tous les coins du pays, et peut-être même ailleurs.

Mesdames et messieurs les sénateurs, ne serait-il pas tout à fait indiqué pour le Canada, qui est déjà connu pour la politesse de ses habitants, de devenir le premier pays au monde à instituer une semaine nationale de la gentillesse?

Je vais maintenant citer quatre personnes qui ont décrit, chacune à sa façon, la gentillesse.

Mark Twain : « La gentillesse est le langage que les sourds peuvent entendre et que les aveugles peuvent voir. »

Mère Teresa : « Un mot aimable peut être bref, mais résonner indéfiniment. »

Le bouddha : « Lorsque les mots sont justes et généreux, ils peuvent changer le monde. »

Le sénateur Don Plett : « Remerciez un plombier. »

C’est important, car cela montre qu’il y a en chacun de nous la possibilité — et mon regard se tourne maintenant vers le sénateur Plett…

Le sénateur Dawson : Il ressemble au bouddha.

Le sénateur Munson : C’est le moment où jamais. Lorsqu’on est en état de pleine conscience et que l’on fait abstraction de tout ce qui nous entoure, on doit, de temps en temps, prendre une grande respiration et penser les uns aux autres. Merci, honorables sénateurs.

L’honorable Nicole Eaton : Vous ai-je bien compris, sénateur Munson, lorsque vous nous demandez de partager sur Twitter des gestes d’amabilité?

Le sénateur Munson : Oui, au mot-clic #Soyezgentils.

La sénatrice Eaton : Je ne sais pas pour vous, sénateur, mais j’ai été élevée dans le catholicisme, et on nous disait que la dernière chose à faire lorsque l’on fait un geste d’amabilité, c’est de s’en vanter.

L’honorable Yonah Martin (leader adjointe de l’opposition) : J’ai également quelques questions à poser au sénateur Munson.

Merci beaucoup, sénateur, d’avoir attiré notre attention sur ce sujet. J’avais deux questions à vous poser. J’ai rencontré une Albertaine — qui venait, je crois, de la région d’Edmonton — dont la ville avait été témoin d’un acte de très grande violence. Elle et ses concitoyens cherchaient à surmonter cette tragédie. Le contraire d’un acte de violence aveugle est un acte d’amabilité aveugle. Il y a eu un vaste mouvement mondial en ce sens. Je sais qu’il y a en novembre une Journée de la gentillesse — Actes de bonté au hasard, mais, dans la semaine de février dont nous parlons, il y a, en Colombie-Britannique, une enseignante de l’école où j’ai moi-même enseigné — à une autre époque — qui a lancé, dans le cadre de cette même semaine, un mouvement appelé Real Acts of Kindness, ou RAK. Ce mouvement dirigé par des étudiants a fait de grandes choses. Avez-vous entendu parler de ce second groupe, Real Acts of Kindness, qui œuvre au cours de cette même semaine? Pourrait-on l’intégrer dans le projet de loi? Les gens qui en font partie seraient ravis d’apprendre l’existence de cette initiative nationale.

Le sénateur Munson : Eh bien, dans cet esprit de gentillesse, j’aimerais absolument en entendre davantage à ce sujet. Je sais que des efforts en ce sens sont en cours en Colombie-Britannique, comme je l’ai mentionné. Si nous voulions changer le nom du projet de loi pour « De vrais actes de gentillesse », cela ne me dérangerait point.

Comme il est question de compassion et de gentillesse, avez-vous vu le dessin de Michael de Adder hier montrant, bras dessus, bras dessous, un joueur de hockey de Toronto et un autre de Humboldt, en Saskatchewan?

Cela me fait penser aux événements de la vie, à la façon dont ils peuvent nous frapper et à ce que nous sommes parfois obligés de vivre. J’ai récemment été touché par un moment de gentillesse. En effet, ce matin, j’ai presque dû m’arrêter en conduisant pendant que j’écoutais l’entrevue du jeune joueur de hockey de Humboldt qui est paralysé. Il n’est pas au bout de ses peines. Selon vous, qui ont été les premières personnes à aller le voir dans sa chambre? Ce furent des membres de l’équipe de hockey sur luge du Canada, qui ont tous eu à surmonter des défis inimaginables dans leur vie et qui font maintenant partie de l’équipe nationale de hockey sur luge. Pour lui, cette attention de leur part fut un geste rempli de bonté.

Nous sommes témoins de gestes de gentillesse à longueur de journée. Pourtant je pense qu’on les laisse filer, qu’on ne les intègre pas et qu’on ne fait pas l’effort de les mettre en pratique. Si on peut se tenir la main d’un bout à l’autre du pays, pourquoi ne le ferait-on pas?