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Projet de loi C-45, Projet de loi sur le cannabis

Projet de loi C-45, Projet de loi sur le cannabis

Projet de loi C-45, Projet de loi sur le cannabis

L’honorable Lillian Eva Dyck : 

Honorables sénateurs, j’aimerais faire quelques observations pour étayer le discours que j’ai fait à l’étape du rapport du projet de loi, il y a une semaine, et celui que j’ai fait hier soir, au sujet des questions liées au projet de loi C-45, le projet de loi sur le cannabis, qui concernent plus précisément les Autochtones.

Honorables sénateurs, nous participons à un débat historique en discutant du projet de loi C-45, qui vise à mettre en place la Loi sur le cannabis. Nos comités ont fait une étude détaillée, nous avons tenu dans cette enceinte un débat vaste et approfondi, et nombre d’amendements supplémentaires ont été proposés, débattus, adoptés ou rejetés.

Comme bien d’autres sénateurs, je me suis surtout inquiétée au sujet des effets du cannabis sur les jeunes. Chez les jeunes Autochtones, la consommation de cannabis risque d’aggraver les problèmes de santé mentale.

Pendant les audiences du Comité des peuples autochtones sur le projet de loi C-45, deux témoins nous ont dit qu’il y a un risque accru de souffrir de psychose et de schizophrénie chez les personnes qui ont subi un traumatisme.

Chers collègues, nous savons tous qu’il existe des communautés autochtones du Nord, ou éloignées, qui souffrent d’un traumatisme intergénérationnel découlant des mauvais traitements subis dans les pensionnats indiens. À cause de cela et d’autres raisons, le Comité des peuples autochtones avait à l’origine recommandé de reporter cette mesure d’un an, le temps que le gouvernement s’engage à répondre aux besoins critiques en santé mentale qui existent au sein des communautés autochtones, et à s’assurer que des fonds et des installations de traitement soient disponibles pour combler les nouveaux besoins en santé mentale qui se feront probablement sentir si le projet de loi C-45 est adopté.

Comme on l’a appris hier, les ministres Philpott et Petitpas Taylor se sont engagées à régler les préoccupations soulevées par le Comité des peuples autochtones, et tous les sénateurs autochtones ont convenu que la lettre traite de toutes nos préoccupations.

J’ai été particulièrement rassurée par l’engagement des ministres à travailler étroitement avec les communautés autochtones et à s’assurer que des ressources supplémentaires soient affectées à la santé mentale et aux dépendances dans les communautés autochtones. Ce qui est plus important encore, c’est que tous les sénateurs autochtones ont convenu que l’engagement pris par les ministres atténue la nécessité d’amender le projet de loi afin de retarder son adoption, étant donné que les objectifs ont été atteints par les engagements des ministres.

Honorables sénateurs, le débat sur le projet de loi C-45 a été exhaustif et, la plupart du temps, respectueux des points de vue différents. Hier, toutefois, j’ai été renversée par les commentaires de la sénatrice Stewart Olsen. L’effet de ses commentaires a été immédiat. Je me suis sentie attaquée personnellement à cause du ton de ses observations. Leur nature était indéniablement condescendante et personnelle.

Le sénateur Plett : Ils ne l’étaient pas.

La sénatrice Dyck : Plutôt que des commentaires neutres et réfléchis concernant mon discours…

Le sénateur Plett : … échange respectable.

La sénatrice Dyck : Votre tour viendra, sénateur Plett.

Le sénateur Plett : Pourquoi ne discutons-nous pas respectueusement aujourd’hui?

La sénatrice Dyck : À l’ordre.

Son Honneur le Président : Honorables sénateurs, la sénatrice Dyck a la parole. Si d’autres sénateurs souhaitent participer au débat, j’ajouterai leur nom à la liste.

La sénatrice Dyck : Merci, Votre Honneur.

Je crois que ses commentaires étaient antiparlementaires, personnels, mordants et navrants. Ses commentaires étaient répréhensibles. Je ne vais pas soulever maintenant une question de privilège, même si je pense qu’elle serait jugée fondée, mais je tiens à ce que mes préoccupations soient notées.

La sénatrice Stewart Olsen s’est dite troublée parce que « nous capitulions devant le gouvernement » et parce que, selon elle, au Comité des peuples autochtones, nous avions…

L’honorable Yonah Martin (leader adjointe de l’opposition) : Je suis désolée, Votre Honneur, j’invoque le Règlement. Je m’excuse auprès de la sénatrice Dyck.

Son Honneur le Président : Il y a recours au Règlement. Oui, sénatrice Martin?

La sénatrice Martin : Je voudrais simplement signaler que la sénatrice Dyck n’était pas inscrite sur la liste originale qui a été soumise. La sénatrice Lovelace Nicholas a parlé, alors le fait que la sénatrice Dyck ait pris la parole immédiatement après elle perturbe la liste, car il y a des sénateurs qui attendent de pouvoir intervenir. Je voudrais savoir si cela a été pris en considération au moment de donner la parole à la sénatrice Dyck.

Son Honneur le Président : J’ai respecté la liste que j’ai en main, et il ne me semble pas y avoir l’alternance habituelle. Je suis tout simplement la liste qu’on m’a donnée, sénatrice Martin.

La sénatrice Dyck a la parole.

La sénatrice Dyck : Merci, Votre Honneur.

Honorables sénateurs, comme j’ai été interrompue, je répéterai le début de la phrase.

La sénatrice Stewart Olsen s’est dite troublée parce que « nous capitulions devant le gouvernement » et parce que, selon elle, au Comité des peuples autochtones, nous avions le gros bout du bâton pour retarder le projet de loi.

Chers collègues, les sénateurs autochtones ont été en mesure d’utiliser ce fameux « gros bout du bâton » sans nécessairement retarder le projet de loi C-45. À titre de sénateurs autochtones, nous n’avons pas laissé tomber le bâton. Nous l’avons utilisé judicieusement, de manière précise et bien ciblée, et nous avons atteint nos objectifs sans causer de dommages collatéraux indus qui auraient été attribuables à un retard.

Je remercie le sénateur Sinclair d’avoir dénoncé, hier soir, les propos de la sénatrice Stewart Olsen.

Chers collègues, la sénatrice Stewart Olsen m’a bel et bien présenté ses excuses hier soir, mais je n’avais pas bien mesuré, sur le coup, toute la condescendance de ses remarques. Quand j’ai lu le compte rendu ce matin, j’ai constaté à quel point ses propos étaient irrespectueux. Il s’agissait de commentaires partisans, et non d’observations réfléchies et judicieuses.

Finalement, comme je l’ai dit il y a quelques minutes, je ne soulèverai pas de question de privilège. Je tiens toutefois à ce que mes objections aux propos de la sénatrice Stewart Olsen figurent dans le compte rendu.

Chers collègues, gardons à l’esprit la chanson de Peter, Paul et Mary :

Si je tenais le gros bout du bâton

J’écraserais les dangers

Je battrais le tocsin

Je ferais régner l’amour entre mes frères et mes sœurs

D’un bout à l’autre du pays

Les propos tenus par la sénatrice Stewart Olsen hier soir ne changent en rien ma position à l’égard du projet de loi C-45. J’appuierai le projet de loi C-45 tel que modifié. Merci.