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Troisième lecture du projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre)

Troisième lecture du projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre)

Troisième lecture du projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre)

Troisième lecture du projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre)


Publié le 7 mars 2017
Hansard et déclarations par l’hon. Jim Munson

L’honorable Jim Munson :

Honorables sénateurs, je tiens tout d’abord à remercier la sénatrice Lankin d’avoir répondu à toutes les questions difficiles.

Une voix : Nous en avons encore.

Le sénateur Munson : Je suis certain qu’il vous en reste, mais je ne suis pas obligé de les accepter.

La sénatrice Lankin a mentionné qu’en 1967 elle fréquentait l’école primaire. Pour ma part, je suis allé à l’Expo. J’avais 21 ans et j’étais animé d’une grande fierté nationale. Je repensais au nouveau drapeau canadien adopté deux ans plus tôt. Quelle fierté m’inspirait, à 21 ans, la vue de la feuille d’érable et du nouveau drapeau!

Notre débat se poursuit donc ici. Je respecte le point de vue de mes collègues, le sénateur Michael MacDonald et le sénateur Wells, de grands joueurs de hockey. Je respecte leur point de vue, car il m’apparaît particulièrement important dans le débat actuel.

Si vous n’avez pas entendu le discours de la sénatrice Lankin, voici ce qu’elle a dit, à peu de choses près.

Honorables sénateurs, il s’est écoulé près d’un an depuis la première fois où j’ai pris la parole pour appuyer le projet de loi C- 210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre). Depuis, bon nombre d’entre nous avons entendu différents discours et arguments au sujet de l’importance de cette mesure et des répercussions qu’elle pourrait avoir.

Comme on le sait, le projet de loi C-210 propose de modifier seulement deux mots dans la version anglaise de l’hymne national, c’est-à-dire de remplacer « in all thy sons command » par « in all of us command ». Des deux côtés du débat, les émotions sont vives. Nous attachons tous de l’importance à l’hymne national, symbole de notre pays.

Je suis convaincu que la nouvelle formulation proposée serait plus respectueuse envers tous les Canadiens et Canadiennes dont les gestes ont façonné notre pays; les arguments en faveur de la formulation actuelle ne me feront donc pas changer d’idée. Le changement proposé touche des valeurs qui me sont chères, soit le pouvoir des mots et leur influence sur les croyances et les sentiments, ainsi que la valeur de l’inclusion sociale.

Je vous fais part de la façon dont le regretté Mauril Bélanger a décrit l’objectif du projet de loi lorsqu’il a dit : « Nous soulignons ainsi que, tous autant que nous sommes, sans distinction de sexe ou d’origine, [nous] contribuons à notre remarquable pays. »

Même lorsque, en 1980, l’Ô Canada est devenu officiellement l’hymne national du Canada, les législateurs avaient l’intention de revoir ces paroles de la chanson en anglais. Cette partie de l’hymne national est toujours intacte aujourd’hui malgré les nombreux efforts déployés au fil des ans pour la modifier. En fait, au cours des 35 dernières années, le Parlement a étudié 11 projets de loi qui visaient cet objectif. Comme l’a mentionné la sénatrice Lankin, un de ces projets de loi a été parrainé par notre collègue, Vivienne Poy — elle siégeait de l’autre côté. Nous sommes aujourd’hui saisis d’une autre mesure législative à cet égard, le projet de loi C-210. Voici ce qu’a déclaré notre ancienne collègue, la sénatrice Nancy Ruth :

Les projets de loi ont été soumis par des hommes et des femmes, des parlementaires de différentes régions du pays et d’origines différentes. Ensemble, ils nous montrent tous la voie à suivre et une façon d’inclure tous les Canadiens dans la chanson.

Un des rôles qui nous incombent en tant que parlementaires, c’est de représenter la diversité de la population canadienne — les langues, les expériences et les origines culturelles de tous ceux et celles qui considèrent le Canada comme leur pays.

La diversité ne se produit pas d’elle-même. Elle est le fruit de la volonté d’un pays qui souhaite abattre les barrières et bâtir des ponts.

« Of us » ou « thy sons »? Ce choix a suscité des arguments pour et contre l’adoption du projet de loi C-210. Il limite notre réflexion et nous empêche d’explorer pleinement les possibilités.

Honorables sénateurs, nous devons plutôt nous concentrer sur les valeurs qui sous-tendent les arguments en faveur de la tradition ou de l’inclusion, afin de décider lesquels d’entre eux renforceront le pays.

Dans sa dernière intervention sur le projet de loi C-210, la sénatrice Petitclerc a posé précisément les questions auxquelles il faut répondre. Elle a dit ce qui suit :

Veut-on rester dans le passé pour des raisons traditionnelles ou historiques ou par peur du changement? J’estime que l’inclusion est un cadeau que nous pouvons offrir à l’ensemble des Canadiens d’aujourd’hui et de demain. Selon vous, pourquoi un importe-t-il plus que l’autre? Pourquoi le passé serait-il plus important que le présent et le futur?

Certaines personnes soucieuses de protéger la tradition affirment que modifier l’hymne national ne le rendra pas plus inclusif. Les gens entendent déjà ce qu’ils veulent bien entendre dans les paroles du chant.

D’autres pensent différemment. Kristen Kit, une barreuse qui a participé aux Jeux paralympiques et olympiques, a expliqué aux membres du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie l’expérience des athlètes par rapport à leur hymne national. Comme la plupart d’entre nous, les athlètes reconnaissent que l’hymne national est un symbole de notre identité culturelle. Pour eux, le chant est aussi associé à la réussite, car ils l’entendent lorsqu’ils gagnent une médaille d’or, d’argent ou de bronze. Parce que l’hymne utilise les mots « our sons », Mme Kit, qui est tout aussi canadienne que les athlètes masculins du pays, soutient que la contribution des athlètes féminines au Canada n’est pas pleinement reconnue.

Elle dit que les femmes et les hommes de la communauté sportive célébreraient l’adoption du projet de loi. Comme elle le dit dans ses mots, « pour ma génération, pareil changement montrerait que le Canada progresse, que nous vivons dans le présent et que nous nous tournons vers l’avenir. »

Ramona Lumpkin, rectrice et vice-chancelière de l’Université Mount Saint Vincent, à Halifax, a également dit au comité sénatorial que le projet de loi nous donne l’occasion de moderniser un hymne qui ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui. Elle a dit aux membres du comité qu’il faut traiter la modification comme un « moment propice à l’enseignement » nous donnant l’occasion d’enseigner l’histoire et l’évolution de la langue aux enfants d’âge scolaire et de leur parler de l’importance, pour les filles comme pour les garçons, de se retrouver dans nos chansons, dans nos mots, dans nos poèmes et dans nos productions culturelles. Cela créerait un important point de référence pour comprendre ce que c’est que d’utiliser les « bons mots » pour exprimer les bonnes valeurs.

Choisir de modifier les paroles de l’hymne pour mieux refléter la composition de notre société et faire preuve de respect envers le plus vaste éventail de Canadiens possible, voilà ce dont il est question. Cela ne contredit pas nos traditions nationales. Plutôt, cela respecte entièrement l’histoire du Canada, les croyances et les valeurs inhérentes à une société démocratique axée sur les droits.

La sénatrice Nancy Ruth, marraine du projet de loi, s’est exprimée avec éloquence et passion à son sujet. Elle a dit ceci :

Le principe qui sous-tend ce projet de loi est le respect : le respect à la fois de notre héritage culturel et de son évolution, le respect des services rendus par les Canadiens, hier et aujourd’hui, au pays ou à l’étranger, et le respect des hommes et des femmes de toutes origines, dont les droits sont protégés par la Charte canadienne des droits et libertés.

Honorables sénateurs, le temps est venu pour notre hymne national de mieux refléter de qui et de quoi est fait le Canada. C’est à nous qu’il revient de décider si le projet de loi C-210, loi modifiant la Loi sur l’hymne national, sera adopté et si son objectif sera atteint.

Honorables sénateurs, notre pays est peuplé de personnes capables de s’entendre mutuellement et de se témoigner du respect. En tant que parlementaires, il nous incombe de prendre la décision, d’agir en tenant compte de la volonté du peuple canadien. Celui-ci a participé au processus et nous a parlé d’inclusion, de progrès et de ses espoirs pour l’avenir.

On a proposé ici de ne pas imposer de délai, parce que rien ne presse. Bien sûr, tous les sénateurs devraient être entendus et souhaitent s’exprimer. Le débat dans cette enceinte sur l’aide médicale à mourir a été particulièrement difficile. Nous avons subi des pressions, même au sein de nos caucus, sur la façon dont nous devions voter. La décision a suscité beaucoup d’émotions et a été très difficile à prendre. Nous avons pu constater le caractère de chaque sénateur au cours de ce débat particulier.

Eh bien, nous tenons maintenant un autre débat. Le Canada célèbre cette année son 150e anniversaire, et nous aurons, au cours des prochains mois, l’occasion de régler la question. Je vous invite à vous joindre à tous ceux qui appuieront le projet de loi.

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